Micmacs à tire-larigot : Critique

Ilan Ferry | 18 septembre 2009
Ilan Ferry | 18 septembre 2009

Cinq ans après nous avoir embarqué pour un Long dimanche de fiançailles aussi ambitieux que surfait, Jean-Pierre Jeunet revient à la charge avec Micmacs à tire-larigot, sorte d'Agence tous risques du pauvre situé dans un Paris de carte postale. 

Dès les premières mesures, la touche de Jean-Pierre Jeunet est là, bien présente aux détours de plans évoquant cette bonne vieille France des 50's nimbant dans une photo sépia de bon aloi. La recette semble toujours la même avec ses personnages truculents, sa vision très romancée de Paname et surtout cette candeur que d'aucuns taxeront de trop infantile. A l'éternelle question Jean-Pierre Jeunet est-il un réalisateur populo, la réponse est définitivement oui tant ce dernier aime capitaliser sur un coté nostalogico-poétique qu'on pourra trouver tour à tour insupportable ou profondément touchant. Une règle à laquelle son dernier film ne déroge pas d'un iota, sauf qu'ici, le réalisateur abandonne toute velléité de nous refaire un Amélie Poulain light pour nous chanter une chanson plus proche des Garçons Bouchers que de Charles Trenet ! En effet, comme le générique de début l'annonce très clairement Micmacs à tire-larigot sonne avant tout comme un hommage au cinéma américain que comme un chant d'amour à ce doux pays de notre enfance. Difficile dès lors de qualifier le monsieur de Pétainiste même lorsqu'il se joue des clichés raciaux (Ah Omar Sy en marchand africain...) au cours d'une séquence qui devrait faire hurler les services de sécurité des aéroports !

 

 

Non décidément, ce MicMac là, bien que toujours empreint de tics propres à notre ami Jean-Pierre, tirerait plutôt du coté du vrai/faux cartoon social prêtant autant allégeance à Chuck Jones qu'à Howard Hawks ! Un mélange presque contre nature mais qui a déjà plus ou moins fait ses preuves dans l'azimuté Enfermés dehors (qui se réclamait toutefois plus des Monty Python qu'autre chose) auquel Jeunet fait ostensiblement de l'œil via sa trame à base de clodos kamikazes opposés à de méchants businessmen. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'un des marchands d'armes est interprété par Nicolas Marié, l'un des acteurs fétiches de Dupontel. Pourtant, la grande force de Jeunet est d'arriver ici à faire coexister ces multiples références au sein d'un univers ultra balisé mais néanmoins en parfaite cohésion avec sa filmographie.

 

 

Le monsieur ne se renie jamais, croque ses personnages avec toujours autant de tendresse et conserve un esthétisme profondément marqué qu'il truffe de gentilles trouvailles visuelles très B.D. Le résultat touche en dépit de certaines maladresses comme les séquences se déroulant dans le fameux repaire de Tire-larigot où les acteurs rivalisent de cabotinage (trop de populisme tue le populisme) ou un casting sentant trop la nouvelle vague humoristique française (comprendre par là comiquement bankable).

 

 

Si Omar semble  toujours aussi à l'aise, les choix de Dany Boon et Julie Ferrier dépareillent au sein d'une galerie de bonnes vieilles trognes (Yolande Moreau, Dominique Pinon, Michel Cremades et dans une certaine mesure Jean-Pierre Marielle). Aussi talentueux soit le Chti's préféré des français on en vient à rêver à ce qu'aurait pu gagner le film en décalage si son rôle avait été tenu par Jamel tel que cela avait été initialement prévu. Il serait toutefois dommage de bouder son plaisir tant Micmacs à tire-larigot ambitionne avant tout d'être un conte moins rose bonbon et plus frappadingue qu'à l'accoutumée. On pourra trouver ça totalement superficiel sauf que dans ce marasme de douce folie émerge, l'air de rien, une émotion certaine, presque inespérée.

 

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