Critique : Complices

Thomas Messias | 19 janvier 2010
Thomas Messias | 19 janvier 2010

Généalogies d'un crime. Ou comment suivre en parallèle la rencontre et l'évolution d'un couple d'une part, et l'enquête sur la mort du jeune homme de l'autre. Les deux époques vont évidemment se nourrir, se répondre et faire progresser notre compréhension des évènements. Mais il serait tout à fait réducteur de réduire Complices au polar qu'il n'est pas : il s'agit d'abord et avant tout d'ausculter la relation homme-femme à travers ce jeune couple impétueux et ce duo de flics fatigués qui cherche à les comprendre. Romance des premiers instants, fougue des échanges amoureux, descente aux enfers pour les tourtereaux ; périodes de latence, amertume des bilans et recherche d'une raison de vivre pour les quadras usés. Une vingtaine d'années semblerait donc suffire pour réduire à néant les illusions des amoureux ? Oui, et peut-être même moins, puisque la mort peut accomplir son office plus tôt que prévu et rompre à tout jamais la mécanique amoureuse...


Le premier long de Frédéric Mermoud impressionne par la maîtrise de ce récit à deux vitesses qui fait se répondre les deux époques par la force d'un montage alterné simple en apparence mais en fait très élaboré. Le poids de la mort rôde sans arrêt sur le film, créant une impression assez étrange. Car si, dans une partie du film, le jeune Vincent vit, aime et baise comme un dératé, dans l'autre il n'est plus qu'un cadavre en décomposition. Macchabée en puissance puis mystérieux défunt. Rythmé, stylé, savamment lié, Complices ne laisse pas un instant de répit. Ni aux spectateurs, ni à ses personnages. Le bel amour de Rebecca et Vincent sera bien vite entaché par de sombres histoires de fric et de cul. Niveau sexe, c'est d'ailleurs un film très frontal, Mermoud poussant les situations le plus loin possible pour créer ainsi trouble ou malaise.


L'intrigue a beau rester relativement simple - la résolution de l'affaire policière ne va pas chercher très loin -, Complices fait preuve d'une certaine ambition narrative rendue possible par une mise en scène en béton et une direction d'acteurs hallucinante. Les nouveaux venus Nina Meurisse et Cyril Descours - vu dans Une petite zone de turbulences - sont extrêmement convaincants dans leur façon d'illustrer le lent glissement de leur couple vers une entité beaucoup moins saine. Moins surprenant, le tandem Devos - Melki, dans des personnages dont on sait assez peu de choses, rend palpable l'amertume qui s'empare de ceux qui pensent avoir raté leur vie. Pas parfait mais franchement saisissant, Complices est un film d'une vraie richesse qui promet plein de belles choses pour la suite de la carrière de Frédéric Mermoud.

Résumé

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