Critique : Thirst, ceci est mon sang...

Stéphane Argentin | 15 mai 2009
Stéphane Argentin | 15 mai 2009
Après les militaires (JSA), les vengeurs (Sympathy, Old boy, Lady) et les aliénés (Je suis un cyborg), Park Chan-Wook s'invite au bal des vampires, en vogue ces derniers temps aussi bien sur petit (True Blood) que sur grand écran (Twilight, Morse...), pour mieux plier le genre à ses propres affinités.

Pour l'occasion, le réalisateur a fait appel à des habitués de sa filmographie, à commencer par Song Kang-Ho en prêtre très charnel et Shin Ha-Kyun en simplet cocufié, auxquels s'ajoutent Kim Hae-Sok en mère poule autoritaire et surtout la nouvelle venue Kim Ok-vin. Cette dernière ne dépareille nullement dans le paysage du cinéaste qui revisite son sujet de prédilection par l'entremise de ce personnage : la vengeance. Épouse soumise pendant des années, cette émouvante Cosette va en effet se muer en redoutable dominatrice au contact de ce prêtre / vampire.

Dès lors, les aficionados de la première heure se pourlècheront les babines, tels les goules du film, à chaque nouvelle excentricité graphique du réalisateur qui a préféré délaisser le scandale conceptuel d'un ecclésiastique succombant aux plaisirs de la chair pour mieux se focaliser sur l'aspect purement charnel (les séquences de coït rappelleront, au hasard, des films tel L'Empire des sens) et le détournement des légendes urbaines (une armoire en guise de cercueil, un comateux qui sert de réserve d'hémoglobine...).

Mais si Park Chan-Wook maitrise la combinaison des genres (cf. la scène de triolisme entre humour, horreur et érotisme) et nous gratifie d'une mise en scène toujours aussi inspirée à grand renfort de mouvements et d'angles de caméra très soignés (cf. l'émouvante séquence finale), la déclinaison comique prend rapidement l'ascendant et se mue en gimmick d'un récit qui tourne alors assez vite en rond et donne la sensation d'assister à une succession de sketches, parfois à la limite du ZAZ, dépourvue de véritable finalité.

À l'arrivée, Park Chan-Wook, associé pour longtemps encore à son excellente trilogie Vengeance, nous livre avec Thirst une relecture du mythe vampirique qui porte bel et bien sa griffe mais se révèle de moindre envergure dans la carrière du cinéaste coréen.

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