Critique : XIII

Laurent Pécha | 5 octobre 2008
Laurent Pécha | 5 octobre 2008

Diffusé en prime time (20h 50) sur Canal + ce lundi 6 octobre avec une deuxième partie lundi 13, XIII est un évènement à plus d’un titre.

Pour des milliers de fans, c’est enfin l’aboutissement d’un rêve, voir sur un écran (tant pis si c’est le petit, encore que les tailles aujourd’hui…) l’adaptation des mésaventures de XIII, leur « tueur » amnésique préféré créé il y a plus de 20 ans par William Vance et Jean Van Hamme.

Plus d’une fois envisagée l’adaptation de la bande dessinée culte (plus de 10 millions d’exemplaires vendus à travers le monde) n’avait jamais vu le jour et l’énorme succès au cinéma de la trilogie Jason Bourne et son héros similaire (Vance et Van Hamme ne s’étant jamais cachés de s’être inspirés des écrits de Robert Ludlum) avait de toute évidence mis du plomb dans l’aile à un éventuel projet cinématographique.

 



C’est donc du côté de la télé que XIII fait son apparition et si cette minisérie de 2 X 90 minutes a tout d’une production américaine au regard de son casting anglophone et son réalisateur rompu aux séries TV US prestigieuses (Les Experts, The Practice), il n’en est rien. La possibilité de découvrir ce grand et bon moment de télé, on la doit effectivement à des français, Thomas Anargyros et Edouard De Vesinne, les producteurs de Cipango qui se sont associés avec une boîte de prod canadienne pour réunir un budget confortable de 20 millions de dollars.

C’est dire à quel point XIII voit les choses en grand et veut soigner tout autant les fans de la première heure que les amateurs de thrillers efficaces. Ces derniers seront comblés tant les deux épisodes proposent un lot ininterrompu de rebondissements sur un rythme constamment élevé autour d’une machination aussi plausible qu’inquiétante et qui prend une saveur toute particulière à quelques semaines de l’élection du nouveau président américain.



Et c’est bien là la force de la minisérie. Etre parvenu à rendre terriblement d’actualité des écrits et des dessins créés il y a plus de vingt ans. Et pour cela les auteurs de XIII ont du prendre des libertés avec le matériau d’origine. Au risque de se mettre à dos les admirateurs de la bande dessinée ? Et bien non car si au final, on a effectivement plus d’une fois l’impression d’être face à un excellent et long épisode de 24, on ne peut nier que l’esprit de XIII est bel et bien présent. Un joli tour de force alors même que les créateurs du show ont pris le risque de choisir un comédien ne collant pas du tout au personnage de la bédé (Stephen Dorff ici à mi-chemin entre Matt Damon et Kiefer Sutherland) nous privant au passage de la fameuse mèche blanche de XIII, de choisir pour interpréter son némésis, Val Kilmer, soit une totale opposition physique avec La Mangouste créée par le duo Vance-Van Hamme, et de nombreux autres changements qui risquent de décontenancer le lecteur fidèle.

Pourtant, ce dernier devra reconnaître que le condensé des 5 premiers albums est une vraie réussite de par sa capacité à garder une ligne directrice simple et efficace tout en ménageant un suspense indéniable, tout en se rendant compte que les inévitables trahisons l’ont été dans un but noble : celui de rendre crédible, de nos jours, une histoire inventée il y a plus de 20 ans.

A ce titre, l’apparition d’un personnage inédit comme celui de Sam, photographe joué avec talent et séduction par Caterina Murino, constitue l’une des vraies bonnes idées des scénaristes du show (dommage d’ailleurs que ce personnage soit laissé de côté dans la deuxième partie).

 


Se bonifiant au fil des minutes, parvenant à échapper en grande partie aux limites du format télévisuel (les affrontements dans des grandes usines désaffectées faisant tout de même un poil cheap) et surtout réussissant à préserver une tension jusque dans les derniers instants du récit, XIII fait honneur à son matériau d’origine et constitue un évènement télévisuel à ne pas rater. En attendant la suite des aventures de XIII dans une éventuelle série…

 

Première partie diffusée lundi 6 octobre sur Canal+ à 20h50.

Deuxième partie diffusée lundi 13 octobre sur Canal+ à 20h50.

Résumé

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