La Horde : critique sectionnée

Thomas Messias | 9 février 2010
Thomas Messias | 9 février 2010

La rédaction est partagée.

CRITIQUE POUR : (3,5/5)

Le voilà le fameux badass movie que Dahan et Rocher nous promettaient depuis des mois. Tout frais sorti d'un nouveau montage qui permet au récit d'entrer dans le vif du sujet. Et quel sujet puisque La Horde tente la rencontre jubilatoire entre le film d'action et le film d'horreur. Un film en apparence pour nerds ou pour un public large cherchant avant tout à se divertir devant une bande ultra référentielle. Mais en parsemant leur premier film de tout le cinéma qu'ils aiment (Romero, McTiernan, Carpenter, Friedkin, Tarantino et consorts), le généreux duo est parvenu à  livrer la première proposition de film français de genre populaire, cohérent de bout en bout et susceptible de toucher un public bien plus vaste que le noyau dur de fans « couillus ».  

 

 

L'énergie communicative des réalisateurs, leur générosité, associés à une bande de techniciens et comédiens dévoués (Claude Perron,Eric Ebouaney, Jo Prestia et Yves Pignot en tête) permettent au spectateur galvanisé de passer outre les quelques incohérences scénaristiques (un coup les zombies pullulent rendant l'usage de la cage d'escalier impossible, pour retrouver ce même escalier vide 5 minutes plus tard- un sacrifice final  inutile, prétexte à une scène de massacre ultra-graphique) et de se repaitre de scènes très réussies, drôles, efficaces qui renvoie le spectateur à son propre fantasme de film « barbare » revisitant des figures de style US avec un certain brio et résolument ancré dans une réalité française assumée et affirmée.

Une petite réussite, ce qui n'est pas rien dans le Paysage Fantastique Français, qui pourrait faire décoller le genre en terme d'audience tant le film est généreux, offrant à son public potentiel un grand nombre « d'entrées » possibles.

Reste à voir si les auteurs du film sauront négocier leur énergie régressive et jouissive par moment pour offrir une proposition de cinéma plus ambitieuse et tout aussi généreuse dans un futur proche. Mais comme entrée en matière dans leur nouveau domaine de jeu, il y a de quoi écrire : « respect messieurs ! ».

Sébastien De Sainte Croix

 

 

CRITIQUE CONTRE : (2/5)

Après Mutants il y a quelques mois, le cinéma français poursuit son exploration d'un genre trop peu traité sur nos terres : le film de zombies. Décrire ainsi La horde serait par trop réducteur, le premier long de Yannick Dahan et Benjamin Rocher (prolongement de leur court Rivoallan) ayant également des allures de polar, puisqu'il met en scène l'alliance forcée de flics et de mafieux face à un ennemi commun. Situé dans un immeuble truffé de zombies, La horde s'annonçait donc comme un mix ambitieux de Nid de guêpes et de [Rec]. Mais c'était peut-être trop en attendre qu'espérer à l'éclosion d'une nouvelle référence du genre : la montagne a en effet accouché d'une souris, divertissement franchement pas désagréable, mais gangréné par un manque évident de moyens et par l'étonnante fébrilité de ses réalisateurs. Ceci expliquant peut-être cela.

 

 

Les premières minutes laissent même craindre le pire, la présentation des personnages semblant exagérément solennelle et inutilement compliquée. Tout cela pour aboutir au final à une simple histoire de rivalité entre des gangsters sans état d'âme et des policiers avides de vengeance après l'assassinat de l'un des leurs. Mais les premières fusillades, brutales et assourdissantes, font heureusement oublier ces débuts bien balourds. Puis arrivent sans prévenir les fameux zombies, qui emmènent alors le film là où tout le monde l'attendait de pied ferme. La déception est relative mais bel et bien présente : correctement mises en scène, les scènes d'affrontement sont aussi peu nombreuses que vite bouclées, quelques coups de feu ou un enchaînement pieds-poings suffisant généralement à éliminer les assaillants.

 

 

La horde manque en fait de tout un tas de petites choses qui auraient pu en faire un film réellement convaincant : davantage d'inventivité dans le choix des situations, des séquences s'inscrivant dans la durée, un réel sentiment d'urgence. Au lieu de quoi Dahan & Rocher s'abandonnent trop souvent à la facilité en laissant le champ libre à des acteurs certes irréprochables, qui s'affrontent principalement à grands coups de dialogues fleuris, parfois très drôles, fréquemment too much. L'immeuble aurait pu être un formidable terrain de jeu, avec ses nombreux étages et ses recoins inquiétants, mais il n'est jamais exploité à sa juste valeur. En fin de course, quelques séquences franchement réussies font des zombies une masse grouillante et irrespirable à travers laquelle les humains peinent à évoluer. C'est ce que le film aurait dû être dès le début : un survival de tous les instants, aussi bourrin que possible et riche en adrénaline. Le résultat n'est pas désespérant mais est tout de même plus que rageant.

Thomas Messias.

 

Résumé

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