Critique : The Visitor

Julien Foussereau | 13 septembre 2008
Julien Foussereau | 13 septembre 2008

Depuis le décès de sa femme, Walter Vale, prof de fac dans le Connecticut, mène une vie aussi monotone que rangée, entre les cours magistraux qu'il dispense avec désintérêt et les leçons de piano qu'il reçoit sans conviction. Un jour, alors qu'il se rend à une conférence à New York, il découvre que son bel appartement pied-à-terre est occupé par un couple de clandestins.

On dit que la musique adoucit les mœurs, celle de The Visitor appelle à la fraternité entre les peuples. A travers ce film, Tom McCarthy pose un regard songeur sur le mythe de l'Amérique terre d'accueil des masses laborieuses du monde entier et sa réalité sept ans après le 11 septembre. The Visitor est aussi l'histoire d'un occidental qui, après avoir mis sa vie en sommeil prolongé, se réveille aux sons d'un djembé africain.

Dans la peau de ce prof ayant trop longtemps vécu dans le théorique, Richard Jenkins fait merveille. Jusqu'ici cantonné aux seconds rôles, le comédien explose avec ce personnage tout en nuances, alternant comique économe et gravité pudique. Grâce à lui, l'entrée dans le film est immédiate avec une première partie d'apprivoisement drôle et touchante entre Vale, Tarek et Zaïnab. On pense avoir affaire à une énième comédie de différences culturelles avec un scénario en trois étapes, curiosité, déni puis acceptation définitive. Or, The Visitor nous emmène ailleurs.

Suite à une broutille, Tarek est arrêté et placé dans un centre de détention en attendant son expulsion vers la Syrie. Mouna, la mère de Tarek, interprétée par Hiam Abbas, entre alors en scène. The Visitor bascule finement dans le drame ordinaire de l'immigration illégale. Sur la question, McCarthy a l'intelligence de ne pas émettre de jugements à l'emporte-pièce. Il se contente de renvoyer à ses concitoyens les conséquences d'une politique peu soucieuse des drames humains qu'elle peut générer. A ce titre, le cri du cœur de Vale à la toute fin du film se révèle bouleversant.

Telle est la grandeur de The Visitor : être capable de nous remuer sur un sujet brûlant par l'entremise d'une belle amitié et d'un amour naissant entre deux cultures, sans avoir l'air d'y toucher. C'est ce qu'on appelle la classe.

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