Mr. Nobody Critique : Mr. Nobody

Laurent Pécha | 13 janvier 2010
Laurent Pécha | 13 janvier 2010

Il ne faut jamais empêcher les rêveurs d'accomplir ce qu'ils ont dans la tête. Mr. Nobody est sans doute né de ce précepte. Après Toto le héros et Le 8ème jour, Jaco Van Dormael propose une nouvelle proposition de cinéma singulière et terriblement ambitieuse. A l'image de son budget énorme (plus de 30 millions d'euros) pour une production européenne.

 

Mais il en fallait de l'argent pour parvenir à recréer ce qui passe dans la tête du cinéaste pour un film tiroir questionnant le destin et l'amour fou comme peu d'oeuvres l'ont récemment fait. Entre science-fiction (les effets visuels sont saisissants et quasi inédits en provenance d'Europe), chronique bucolique et film d'anticipation, Mr. Nobody suit l'omniprésent Jared Leto, à la veille de sa mort, retraçant le fil de sa vie et nous faisant découvrir les trois femmes qui ont comptées à ses yeux. Trois femmes et pourtant une seule vie. Il y a des choix à faire et le film de montrer que la destinée de Némo aurait pu totalement différente en fonction de celle avec qu'il aurait passé son existence.

 

 

Un récit complexe qui le devient encore plus quand le réalisateur opte pour une narration éclatée qui nous fait naviguer au gré des époques, passant d'une histoire à l'autre sans aucune logique apparente. Déstabilisé le spectateur l'est d'autant plus que Van Dormael allie ce morcellement souvent virtuose à une esthétique extrêmement marqué. Il y a un côté publicité, images d'Epinal qui pourra vite à agacer mais il faut reconnaître au bonhomme un désir ardent de produire de l'image qui a de la gueule. Ca ne marche pas toujours mais il y a tout de même un paquet de plans étonnants durant les deux heures de projection. L'argent a été savamment utilisé et permet ici de créer un univers et des ambiances que l'on ne voit pas souvent dans notre cinéma européen. Et puis il y a les comédiens, un casting extrêmement bien équilibré autour d'un excellent Jared Leto (sa version adolescente est aussi des plus convaincants).

 

Malgré toutes ses bonnes intentions et une vraie originalité dans la forme, Mr. Nobody ne convainc jamais vraiment. On a le sentiment que d'autres sont passés par là avant lui et ont dit des choses nettement plus définitifs ou marquantes sur les mêmes thèmes. A commencer par Gondry et Eternal sunshine of the spotless mind auquel Mr. Nobody fait plus d'une fois penser sans jamais l'éclipser. Au rayon des doux rêveurs géniaux, Gondry a encore plusieurs métros d'avance sur Van Dormael.

 

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Elisabeth
08/12/2014 à 14:46

Strictement rien à voir avec "Eternal sunshine of the spotless mind". Le seul film antérieurement réalisé auquel on aurait pu éventuellement le rattacher, en prenant de la distance, c'est "l'effet papillon", qui raconte l'histoire d'un homme qui fait des retours dans le passé afin de modifier son avenir. "About time", selon moi, a également suivi cette démarche au jour de sa sortie en 2013.
Mais "Mr. Nobody" est une explication nouvelle et décalée de ce que serait la vie si aucun de nos choix n'était pas irrémédiable, si toutes ces lignes parallèles qui en émanent étaient autant d'existences diverses, et si finalement, nos vies se résumaient non pas un ensemble de possibilités mais à un ensemble d'avenirs coexistants dans une seule et même existence. Je trouve ce réalisateur plus qu'ingénieux d'être parvenu à mettre en exergue un des questionnements philosophiques les plus présents dans les esprits, que constitue non seulement l'impact de nos choix sur nos vies mais aussi et surtout d'admettre l'éventualité d'une conception totalement nouvelle que serait l'existence de vies aussi multiples que les choix qui qui s'offrent à nous à chaque instant. Tout cela mis en balance avec des concepts actuels de la métaphysique. Je lui donne un 5/5 sans hésiter, il m'a plus que convaincue.

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