Critique : Eldorado

Thomas Messias | 20 juin 2008
Thomas Messias | 20 juin 2008

Les amateurs de nuages feraient bien de se ruer sur cet Eldorado dont le titre n'est pas si ironique que cela : de stratocumulus en cumulonimbus, le film de Bouli Lanners est un petit miracle d'esthétisme météorologique. On passerait volontiers une heure et demie à fixer ces plans beaux comme des tableaux. Mais comme Lanners n'est pas homme à se complaire dans le contemplatif, il a aussi fait un film autour de ces images à tomber. Eldorado est un nuage à lui tout seul, dont les mouvements quasi imperceptibles suffisent à faire varier la température. Soufflant le chaud et le froid, ce road movie est un formidable petit moment de flottement.

 

Ça commence comme tous les road movies : une rencontre, une voiture, et on trace la route à la poursuite d'un objectif en forme de MacGuffin. Mais le ton incomparable de Lanners (dans l'écriture comme dans le jeu) en fait immédiatement un objet fascinant et différent, qui emprunte les chemins de traverse comme si c'était la seule solution existante. Les mésaventures des deux héros font dans le tragicomique le plus parfait qui soit : on ne sait jamais trop si l'on doit rire ou pleurnicher. Il y a dans Eldorado quelque chose d'un peu irréel, puisque les hommes s'y évaporent et les chiens tombent du ciel.

 

Mené par un duo d'acteurs exceptionnels (aux côtés de Bouli Lanners, un petit nouveau, Fabrice Adde), Eldorado est un petit bijou modeste mais profond qu'on aurait tort de réduire à sa simple belgitude. Car c'est un film universel, qui traite de l'absolu et de l'immédiat, de la beauté de l'éphémère, mais sans en avoir l'air, juste comme ça, par petites touches. Un voyage dont on n'est pas près de revenir. Et une sacrée révélation.

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