Critique : New York, I love you

Thomas Messias | 13 avril 2010
Thomas Messias | 13 avril 2010

Certes, c'est vrai, on ne peut éternellement fonctionner par comparaison, sans quoi tous les films risquent de sortir perdant de cette impossible tentative de hiérarchisation. Mais New York, I love you fait suite à Paris je t'aime, est initié par les mêmes personnes, reprend le même principe, et sera suivi de films semblables consacrés à Rio, Shanghaï, Jérusalem et Mumbaï. Outre quelques contraintes techniques imposées aux réalisateurs - tournage en deux jours seulement, rencontre amoureuse au coeur du script, montage en sept jours, même équipe technique pour tout le monde -, le film se résume par sa volonté de sillonner New York à la recherche d'histoires d'amour globalement indépendantes pour aboutir à un portrait de la ville et de ses habitants.


Paris je t'aime fonctionnait sur plusieurs principes extrêmement importants qui en faisaient l'un des rares "films à sketches" - quelle expression atroce - pleinement réussis. D'abord un chapitrage tout à fait clair et parfaitement segmentant, permettant aux vingt histoires développées - une par arrondissement - d'être parfaitement indépendantes. Prenez quelques dizaines de parisiens venus des quatre coins de la ville : quelle chance y a-t-il que deux d'entre eux se connaissent ou se croisent réellement - c'est-à-dire en ayant conscience l'un de l'autre, voire en se parlant au moins quelques secondes - ? Conscient de la dimension de la ville, le film évitait tout rapprochement vaseux, toute coïncidence facile. Et laissait libre cours à la créativité débridée de bon nombre de ses auteurs, permettant à un même long-métrage d'abriter un film de vampires, des chroniques sociales, des contes burlesques, de la folie furieuse - merci Christopher Doyle... Le tout accouchait d'une vision de Paris forcément singulière, loin de la simple ambiance de carte postale qu'aurait pu engendrer ce genre de film.


Et New York, I love you dans tout ça ? Il mixe, dans un flot de transitions et de clins d'oeil supposément drolatiques, un petit nombre de bluettes souvent sans importance et sans éclat, au style désespérément routinier. Tous les segments se ressemblent et sont caractérisés par un côté fleur bleue à peine rehaussé par de petites vannes de cul insérées çà et là de façon souvent artificielle, comme s'il s'agissait de glisser in extremis un peu d'irrévérence. Les réalisateurs choisis, de Mira Nair à Fatih Akin - en passant par Brett Ratner, hum -, peinent à imprimer leur style et livrent des productions souvent interchangeables. Pire, New York, I love you semble régulièrement verser dans le film choral en faisant se croiser certains protagonistes de façon complètement improbable, pour un résultat façon Garry Marshall. De ce marasme linéaire qui ne montre jamais New York sous un autre oeil, on pourra éventuellement sauver la partie réalisée par Yvan Attal, qui filme en deux fois les conversations de rues de deux couples se rencontrant dans la rue, à la sortie d'un bar ou d'un restaurant. Le duo Maggie Q - Ethan Hawke et surtout le couple Robin Wright Penn - Chris Cooper, fonctionnent relativement bien, mais seraient certainement passés inaperçus au sein d'un film aussi varié et foisonnant que Paris je t'aime.

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