Critique : Par suite d'un arrêt de travail...

Thomas Messias | 30 juin 2008
Thomas Messias | 30 juin 2008

La gauche, la droite... Deux étiquettes faciles à apposer, mais pourtant légèrement plus complexes que les discussions façon café du commerce auxquelles elles donnent souvent lieu. Cette opposition binaire entre droite et gauche et au cœur même de Par suite d'un arrêt de travail..., qui exploite un thème en forme de marronnier (les grèves des transports) pour mettre dos à dos deux catégories de personnes : la France qui se lève tôt et trouve scandaleux d'être ainsi être « prise en otage » (expression-gimmick qui revient dès qu'un journal traite de ce sujet), et celle des jean-foutre qui soutiennent d'autant plus ce genre de mouvement qu'ils n'ont aucun projet d'avenir. On l'aura compris, le film de Frédéric Andréi (connu pour son rôle de postier dans Diva) ne donne pas dans l'analyse politique profonde, et c'est là son énorme limite.

 

Mieux vaut donc prendre Par suite d'un arrêt de travail... comme un simple road movie bucolique, qui mène ses deux personnages principaux de Paris à Rome, le temps pour eux de vivre quelques péripéties amusantes et/ou émouvantes et de disserter sur le sens de la vie. Un voyage plutôt sympathique, notamment quand le type « de droite » (Patrick Timsit, pas mauvais) se décoince subitement et décide de vivre un peu au lieu d’être pétrifié par l’enjeu du contrat qui l’attend en Italie. Un brusque revirement de personnalité qui montre qu’Andréi n’est pas plus psychologue que politologue. En revanche, il mène plutôt bien son buddy movie en chemise blanche, enchaînant les mésaventures et les engueulades avec un allant qui fait plaisir à voir. Il nous offre même une parenthèse un peu absurde à travers ce qui finit par ressembler à un running gag (comment peut-on on traverser une rivière large de huit mètres). Des velléités humoristiques plutôt bien senties et qui font oublier un fond plus que schématique.

 

Enfin, Par suite d’un arrêt de travail… est une jolie déclaration d’amour aux routes de campagne et autres chemins de traverse. Aussi efficace qu’elle est implicite, elle montre que l’on n’est pas obligé de chausser de gros sabots à la sauce Jean Becker pour montrer les bienfaits de la verdure et de l’air pur. De quoi démarrer l’été du bon pied, surtout que celui-ci ne devrait pas être parasité par les grèves.

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