Critique : Kickboxer

Guillaume Meral | 2 avril 2013
Guillaume Meral | 2 avril 2013

Dans la chronologie de la période Cannon de Jean-Claude Van Damme, qui s'achève à l'orée des années 90 et l'entrée du belge dans le monde des budgets plus cossus avec Double Impact, Kickboxer incarne sans doute son film le plus opportuniste, puisque ouvertement conçu pour surfer sur le carton de Bloodsport, qui starifiait le nouveau venu l'année précédente. De fait, si l'habillage diffère quelque peu (par vengeance pour son frère devenu paralytique suite à un combat ayant mal tourné, un homme se tourne vers un maître retiré du monde pour apprendre le muay-thaï), Kickboxer ne fait guère de mystère sur sa raison d'être, puisqu'il s'agit toujours de l'histoire de l'occidental qui va battre les autochtones sur leur propre terrain en maitrisant l'art martial local. Avec, comme de coutume chez Van Damme, ce supplément de cœur inhérent à un acteur dont le personnage d'idéaliste armé d'une volonté et d'une rage de vaincre à toute épreuve n'est en définitif que la projection fictionnelle de son propre parcours à Hollywood (à l'instar d'un Sylvester Stallone en somme).

Pour autant, reconnaître sa condition de produit purement mercantile n'empêche nullement le plaisir procuré par un film qui, à bien des égards, s'avère plus fun encore que son illustre modèle. Ne serait-ce que parce que la logique d'exploitation dans laquelle s'inscrit le film de Mark Disalle et David Worth s'étend à absolument tous les aspects d'un long-métrage qui ne manque jamais une occasion de revendiquer sa dimension bisseuse, là où la mention « inspiré d'une histoire vraie » de Bloodsport justifiait encore quelques aspirations à une certaine respectabilité. Rien de ça dans Kickboxer, qui plonge tête la première dans une logique d'exploitation débridée, de son exposition de la Thaïlande digne d'une carte postale coloniale à une séance d'assouplissement des adducteurs qui aurait eu sa place dans un épisode de Saw, en passant par une interprétation de la boxe de l'homme ivre par l'ami Jean Claude, qui profite de l'occasion pour nous gratifier de ses talents de danseur.

Niveau fabrication le tout est à l'avenant, mais malgré sa facture de Z philippin, Kickboxer recèle quelques fulgurances qui justifient sa place occupée dans l'imaginaire d'une génération, dont Tong Po, le bad guy qui fracasse une poutre avec ses tibias en guise de présentation (le maquillage de l'acteur marocain Michel Qissi vaut son pesant de cacahouètes). Une manière de rappeler que, malgré toutes leurs approximations, les films de Van Damme savaient soigner les Némésis de leur héros.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(4.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire