Critique : Un homme et son chien

Vanessa Aubert | 10 janvier 2009
Vanessa Aubert | 10 janvier 2009

Prenant pour prétexte l'adaptation d'un classique du cinéma italien (Umberto D. de Vittorio de Sica), Francis Huster réalise un double exploit : faire tourner Jean-Paul Belmondo et reprendre la caméra 22 ans après son premier film en tant que réalisateur. Un pari d'autant plus risqué que le sujet traité doit être porté par l'acteur principal, en l'occurrence un Bébel affaibli.


Tout est dans le titre. L'histoire résumable en deux héros est une traversée de Paris sur fond de manif' contre les retraites. Vaste sujet sociétal, l'indifférence pour les anciens se personnifie via l'existence de Charles, un vieil homme joué par Jean-Paul Belmondo. Délaissé par les siens, il s'accroche au reste de vie que symbolise son chien et décide de vagabonder avec les affaires d'une vie dans une seule valise. Au vu de la trame, l'histoire doit sa richesse aux rencontres qui viennent surprendre l'errance amorphe de Charles. Huster se fait Lelouch en faisant défiler les acteurs de la nouvelle génération: Hafsia Herzi, Aurélien Wiik, Jean Dujardin, José Garcia, Antoine Duléry… Comme un honneur de donner la réplique à leur idole, ils s'appliquent à tour de rôle dans leur caméo, au point que l'on attend chaque scène pour voir quel comédien apparaîtra. Huster ne manque pas de s'offrir lui aussi son petit rôle et n'a de cesse, en tant que réalisateur, de tenter de rendre hommage à Belmondo. En faisant tourner Max von Sydow, Jean-Marc Thibault, Pierre Mondy, Daniel Prévost et confrères, il amplifie cette nostalgie et la tristesse certaine qui se dégagent déjà du film.

 

Sans pincettes mais avec une réalisation peu moderne bardée de plans canins, il pétrit son film de bons sentiments, comme si la présence de Bébel valait à elle seule le détour. Si son retour après sept ans loin des plateaux est la motivation première des spectateurs, Belmondo le magnifique n'est pas pour autant moteur dans le film. La pléiade de comédiens, les répliques peu nombreuses et le personnage fatigué qu'il interprète, l'aident grandement. Ainsi, se laisser prendre à la nonchalance de Charles n'est pas évident tant l'image de l'acteur est puissante. Difficile, dès les premières images, de passer outre les soucis d'élocution du comédien pour mieux s'attacher à son personnage. Là où il cherchait à lui rendre hommage en lui offrant à nouveau un rôle à sa mesure, Huster réalise un film prétexte dont la frontière mince entre fiction et réalité met mal à l'aise, tient à distance mais ne laisse certes pas indifférent.

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