Les Ruines : critique rampante

Encore un survival ? Oui. Encore des ados attardés, un accident de la route, un boogeyman, une famille de dégénérés ? Non. Car la première spécificité des Ruines est d'être l'adaptation du roman éponyme de Scott Smith, son second en 15 ans après Un plan simple et « The best horror novel of the new century » dixit Stephen King (ça ne sera jamais que le 151ème fois). Pourtant, ce n'est pas le pré-générique qui fait la différence. Une fille apeurée dans un trou, des bruits bizarres et blam, gros son, elle disparaît, quelque chose l'a attaqué. En fait, la présence de cette scène n'est pas anodine, puisque ce sera la seule mise en spectacle de l'horreur, comme si le réalisateur Carter Smith lançait un message. Fini ce genre d'effets éculés.

Et en effet, le film ne suit pas la structure habituelle du genre, avec exposition, rupture et climax. A peine les présentations sont-elles faites, que déjà les voilà en route pour le temple Maya. Les chemins empruntés restent ultra balisés, entre mauvais pressentiments et faux problèmes de couple, mais le réalisateur réussit à distiller un malaise et à créer un suspense. C'est d'ailleurs autour de ces deux notions qu'il construit tout son film, puisque alors qu'ils attendent les secours ou tentent de survivre, les feuilles bougent, les fleurs vibrent. La menace sera donc rampante ou ne sera pas.

Sans crescendo ni action, le spectateur se retrouve face à un attentisme sournois, qui aurait dû être repris et démultiplié par une horreur purement psychologique. Malheureusement, les personnages n'atteignent jamais l'empathie et la densité qu'ils ont dans le roman. Les fulgurances de violence en pâtissent aussi, même si elles restent assez cracra pour impressionner. Dommage, car le film tient sa cohérence jusqu'au bout, et finit sur une note anti-spectaculaire et nihiliste.