The Box : critique en boîte

Thomas Messias | 2 novembre 2009 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Thomas Messias | 2 novembre 2009 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Après Donnie Darko et Southland Tales, Richard Kelly est de retour.

Richard Kelly a plus d'un tour dans sa boîte. À même pas 35 ans, il figure parmi les réalisateurs les plus intéressants de son époque, qu'il convient de suivre projet après projet, quel que soit l'endroit où nous mène son cinéma. Ce qui ne veut pas dire que les trois films qu'il a réalisés jusqu'alors sont des monuments de perfection : Donnie Darko a ses farouches détracteurs, Southland tales a subi une volée de bois vert à Cannes et après, et The Box a également subi de gros problèmes de cheminement vers les salles.

Et pour cause : Kelly a cette faculté et cette envie de mener des postulats souvent simples vers des sommets complètement barrés, aussi inattendus que dérangeants, qui ont de quoi faire tiquer tous les distributeurs du monde. La mère de famille interprétée par Cameron Diaz (magnifique) osera-t-elle appuyer sur le bouton, comme l'indique l'affiche ? La réponse survient bien vite, car l'essentiel n'est pas là. Plus que l'interrogation d'ordre éthique soulevée par le nouvelle et donc par le début du film, il préfère se focaliser sur l'éclatement du noyau familial, le pourrissement d'un couple qui ploie sous le poids des conventions et des considérations extérieures.

 

Photo Cameron Diaz, James Marsden

 
Ainsi, The Box démarre par une histoire de boîte ornée d'un bouton qui, pour peu qu'on le presse, rapport un million de dollars mais entraîne la mort d'un autre être humain quelque part sur le globe. De la nouvelle Button, button de Richard Matheson - disponible sur le web sous le titre Le jeu du bouton -, Kelly tire un point de départ solide, qu'il dépasse ensuite très largement, loin de vouloir résumer son film à une simple histoire de poussoir.

Le personnage brillamment incarné par Frank Langella s'impose comme le chef d'orchestre d'une entreprise que le cinéaste a voulue trouble, où se mêlent psychanalyse, NASA, sociétés secrètes, paranoïa... rayez les mentions inutiles. De ce puzzle émerge une véritable vedette : le style de Richard Kelly, présent au détour de chaque plan, de chaque décor, de chaque rebondissement. Cela faisait bien longtemps qu'un réalisateur n'avait mis autant de lui dans un film dit de genre. C'est pourtant à un vaste autoportrait qu'il se livre, la mise en scène favorisant la part d'introspection.

 

Photo James Marsden


The Box tend parfois à se rapprocher des plus grands sommets de la filmographie de David Cronenberg, tant il utilise à merveille la chair - ou son absence - pour montrer la mutation perpétuelle de l'être humain, qui court à sa propre perte. L'incroyable gueule de Langella ou le handicap caché de l'héroïne sont autant d'éléments-clés de l'intrigue, mais aussi des facteurs du décuplement d'une émotion qui ne cesse d'affleurer. Ce beau film tragique, dense et plein de ramifications est malheureusement gâché par la trop grande malice de Richard Kelly, qui veut tellement en remontrer au public et à la critique qu'il finit par tomber dans une dernière partie un rien gênante, au message si douteux qu'on préfère faire semblant de ne pas l'avoir compris.

Ce n'est pas encore avec The Box que Kelly sortira de son statut d'auteur passionnant pour devenir le grand cinéaste qu'il est sans doute au fond de lui. En espérant que les studios continuent à lui offrir un minimum de soutien, et en comptant sur les années qui passent, un surplus de maturité pourrait faire de lui un génie absolu, allant jusqu'au bout de ses brillantes obsessions sans finir par se prendre les pieds dans le tapis.

 

Affiche

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