Critique : RocknRolla

Thomas Messias | 27 octobre 2008
Thomas Messias | 27 octobre 2008

De film en film, Guy Ritchie a su imposer son style et se faire un nom. Bientôt, il pourrait même devenir un adjectif. Ritchien, adj. : caractérise un film se distinguant par une logorrhée abrutissante et des situations imbéciles ou déjà vues. Ce qui pouvait à la rigueur amuser dans Arnaques, crimes et botanique ou même Snatch est désormais complètement insupportable. D’un postulat trop classique (deux branques se mettent en quatre pour rembourser un gros bonnet), Ritchie tire un film éreintant à force de bavardages ininterrompus. Imaginez une heure cinquante-quatre d’un blabla même pas bien écrit par un auteur persuadé qu’il est le nouveau génie du dialogue, quelque part entre Tarantino et Audiard. L’horreur.


Si l’on a presque envie d’être indulgent avec Rocknrolla, c’est simplement parce qu’il est quand même moins affligeant que le surréaliste Revolver, hallucinant condensé de nullité philosophico-filmique. Le film est mauvais, mais complètement inoffensif, copie quasiment conforme des deux premiers Ritchie. Comme toujours, il multiplie les personnages jusqu’à saturation, donnant au final l’impression de les avoir à peine effleurés (si bien qu’on se fout totalement de leur mort éventuelle). Les tortures débiles et les McGuffin sans intérêt font également partie de ses obsessions. Et pas question d’être original : par exemple, le caïd (bien) joué par Tom Wilkinson rappelle trait pour trait celui qui donnait ses ennemis aux cochons dans Snatch.


Rocknrolla est typiquement le genre de film qu’un ado sur deux a envie d’écrire lorsqu’il commence à découvrir le cinéma : sur le papier, c’est fun, y a de la gonzesse, du bling-bling, de la violence froide (à sauver, une course-poursuite avec deux russes indestructibles) et de l’humour décalé. À 40 ans tout pile, Guy Ritchie devrait peut-être songer à devenir adulte, et à se lancer dans des projets un peu moins puérils. Sherlock Holmes, qu’il tourne actuellement avec Robert Downey Jr., donnera-t-il un sens plus noble à l’adjectif ritchien ? Pas sûr, d’autant que le générique de fin de Rocknrolla annonce une suite encore plus régressive. Espérons que ce soit de l’humour.

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