Critique : Nouvelle donne

Jonatan Fischer | 9 juin 2008
Jonatan Fischer | 9 juin 2008

En dehors des teen movies made in USA (au mieux Les Lois de l’attraction, au pire les émules d’American Pie), les films centrés sur les étudiants sont une denrée rare. Alors qu’on n’attendait plus grand-chose, voilà que débarque Nouvelle donne. Un premier film norvégien qui sort presque de nulle part. Et c’est comme un coup de foudre. Mais si en amour on ne peut pas toujours expliquer ce que l’on ressent, heureusement il est plus aisé de le faire pour les films. Lançons nous donc dans une lettre d’amour à une oeuvre qui constitue à n’en pas douter la promesse d’une nouvelle vague norvégienne particulièrement excitante.

 

On aime Nouvelle donne car, en seulement quelques secondes, on est submergés par le récit de cette bande d’étudiants qui a dans ses oreilles des titres de Joy Division, New Order ou Le Tigre (pour ne citer que les groupes les plus connus d’une bande originale à tomber à la renverse). Oui, nos jeunes sont rock’n roll de par leurs choix musicaux mais aussi de par leur approche de la vie et de leur quotidien se résumant (si on vulgarise la chose) à amour, concerts, sexe, fêtes et crises existentielles. Entre deux gorgées de bière, nous suivons ainsi les itinéraires de Phillip et Erik, deux aspirants écrivains et amis depuis l’enfance. Comme le soulignent une réalisation et un montage maîtrisés et originaux, écrire les place à la fois dans un profond état d’excitation, une montée en puissance, et en même temps d’angoisse, de paralysie. C’est ainsi qu’en pleine scène, un arrêt se fait. Comme si le cœur allait lâcher, comme si tout ne dépendait plus que d’un mot, d’une action, d’une invention. Destinés à des avenirs plus que brillants, nos deux amis vont réaliser à quel point il est ardu de concilier élans créatifs et amoureux. Erik choisira, à peine publié, de rompre avec sa petite amie (qu’il aimait pourtant). Phillip, lui, préfèrera la passion au risque de tomber dans la folie.

 

Film sur l’écriture, Nouvelle donne accumule les références littéraires mais aussi cinématographiques (la Nouvelle Vague en particulier) tout en ne tombant jamais dans le pompeux et en proposant un cinéma totalement rafraîchissant et spontané. Cette spontanéité, le film la doit à une utilisation ingénieuse de la voix off. Très présente, celle-ci nous amène, à la façon d’un bon bouquin de Bret Easton Ellis (période Moins que zéro / Les lois de l’attraction) à découvrir toute une galerie de personnages plus attachants les uns que les autres. Mélangeant passé, présent et futur, en même temps qu’il traite de la confusion des sentiments et de quêtes créatrices et identitaires, ce long métrage formidablement rythmé et singulier ne vous quittera plus après l’avoir vu. Résultat : on ne veut plus quitter cette joyeuse bande, on a le souffle coupé et on en redemande. La nouvelle donne du film générationnel est dans les salles, foncez !

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire