Coup de foudre à Rhode Island : Critique

Il y a deux ans, Steve Carell avait agréablement surpris en homosexuel dépressif dans Little Miss Sunshine. Avec cette comédie romantique sous Valium, il remet le couvert avec un certain brio et prouve à quel point il est doué pour basculer dans le registre comique asthénique. Tout le charme de ce Coup de foudre à Rhode Island repose sur « tous ces petits tous qui font ces petits riens », qu'il s'agisse de ces petites sorties à froid au comique de situation. Sur ce second point, le film de Peter Hedges dispose d'une poignée de séquences dotées d'un impact comique qui n'est pas sans rappeler les moments les plus poilants des comédies de Judd Apatow. On pense notamment à la scène de la douche ou la chanson de Ruthie la cochonne...

Coup de foudre à Rhode Island laisse aussi entrevoir une facette moins connue de Steve Carell dans le répertoire de la séduction, sans négliger pour autant son cahier des charges de corps comique roi de l'entertainment US. Cet essai serait pleinement transformé s'il n'avait pas en face un problème de gestuelle avec . L'actrice française n'est pas mauvaise, loin de là. Le problème serait plus à ranger du côté de son pedigree. Dans le genre très formaté de la comédie romantique américaine, Juliette Binoche ne parvient pas à rentrer dans le moule, comme si l'étiquette « muse de Léos Carax et d'André Téchiné » lui collait à la peau. Là où Chantal Akerman avait passé l'exercice haut la main dans Un divan à New York, une hétérogénéité persistante pénalise la crédibilité de ce couple en devenir.