Critique : L'Imposteur

Nicolas Thys | 11 octobre 2007
Nicolas Thys | 11 octobre 2007

Ceux qui ont vu Le Saboteur sans gloire de Raoul Walsh connaissent déjà le film de Julien Duvivier. Tournés approximativement à la même époque, à quelques semaines de différences, les deux films convergent sur de nombreux points. Un même ancrage historique : la France occupée ou sur le point de l'être. Un début similaire : un homme est sur le point d'être guillotiné et évite la potence par miracle. Une imposture et une morale identique : « la liberté c'est bien donc soyez libre en vous faisant tuer ! » (ou quelque chose s'en approchant).

Les deux œuvres empruntent malgré tout des chemins différents pour arriver à leurs fins. Quand Walsh choisit de rester en métropole, Duvivier prend la voie colonialiste, très à la mode dans les années 1930 en France et dans laquelle, déjà avec un Gabin assassin en fuite et en pleine rédemption, il avait pu s'illustrer à travers La Bandera. Dans L'imposteur, cet aspect est moins marqué puisque centré sur l'effort de guerre mais tout aussi présent et pénible d'autant que, peut-être est-ce dû aux contraintes hollywoodiennes avec lesquelles il avait du mal à  s'adapter, le Duvivier des années 40 fait vraiment pâle figure face au Duvivier créatif des années 30.

La technique, très classique, partagée entre les longs travellings descriptifs et un découpage brut, est maîtrisée, les images exotiques sont agréables à l'œil, mais le récit de l'Imposteur, trop elliptique et décousu, perd en puissance, la mise en scène est quasiment inexistante et le jeu des acteurs s'en ressent fortement. En outre le scénario insipide et ses personnages naïfs qui semblent dire que la guerre c'est juste un mauvais quart d'heure à passer, est humainement dégradant. Quitte à choisir, mieux vaut oublier le Duvivier et prendre le Walsh qui, sans être non plus très bon, est au moins réalisé avec beaucoup plus de panache !

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