Critique : Dragon wars

Stéphane Argentin | 3 juillet 2008
Stéphane Argentin | 3 juillet 2008

D-War (également connu sous le titre Dragon Wars), prétendant au titre de plus grand nanar de l'histoire du Septième Art ? Nulle doute qu'à la lecture de cette phrase introductive, bon nombre de personnes à la rédaction voudront emboîter le pas au (mal)heureux auteur de ces lignes qui, un soir de noël 2007 (vive les DVD imports US), aura souhaité découvrir cette coproduction américano-coréenne, intrigué et, avouons-le en toute honnêteté, quelque peu excité par les différentes bandes-annonces et autres promo reel. Sept mois plus tard, ce n'est peut-être pas un hasard si le film débarque en France directement en vidéo sans passer par la case « salles obscures », le distributeur français ayant sans doute senti venir la future savonnette au box office au gré des différentes glissades (mal)adroites de son « personnage principal » : un dragon à ailettes pas bien commode.

 

Côté intrigue, tout est déjà dit dans le synopsis et il n'y aura strictement rien de plus à attendre des 1h30 du film. Sitôt passées les 10 minutes d'exposé de la fameuse légende et ses premières SDM (Scènes de Destruction Massive) plutôt sympatoches mais où, déjà, quelques chose cloche côté effets spéciaux, le film pénètre ensuite dans sa phase : « Aaahhh la vilaine grosse bête, tirons-nous d'ici ! ». Soit 45 minutes de courses-poursuites et autres caches-caches entre nos deux bellâtres, réincarnations contemporaines d'une damoiselle et de son chevalier servant du temps jadis, et le dragonnet susnommé, virtuellement indestructible, rapide comme l'éclair, dépouillant tout sur son passage mais qui, curieusement, ne parvient jamais à bouffer ses deux malheureuses victimes. Pas facile la vie d'un dragon millénaire ! S'ensuit le petit quart d'heure de joyeux bourrinage en plein downtown L.A. vendu à tout va au travers des différentes vidéos promotionnelles, avant de conclure sur 10 minutes de pur heroic fantasy, peut-être la seule véritable réussite du film. Son « ultime combat pour l'humanité » (refrain bien connu), 100% numérique et donc dégagé de toute interaction ultra-visible avec des éléments réels, se révèlerait en effet presque touchant dans son dénouement.

 

À la décharge de ce laisser aller émotif final, le spectateur pourra toutefois invoquer les 60 minutes précédentes, croisement entre un Godzilla du pauvre à côté duquel le long-métrage éponyme tant décrié d'Emmerich passerait presque pour une réussite, et un Biouman des Inconnus (les fidèles serviteurs du serpounet, dignes des sentai nippons du Club Dorothée des années 1980). Et si, durant 90 minutes, l'hésitation sera de mise entre se prendre la tête à deux mains de consternation et pleurer de rires en se resservant une bonne rasade de pop-corn arrosée de coca, à l'arrivée une chose est sûre : D-War nous rappelle à quel point les « n'importe quoi » les plus incongrus (« nanar » diront certains) nous attendent parfois au détour d'une bien vilaine curiosité attisée par une campagne marketing savamment orchestrée. Par sûr en revanche que les 8,4 millions de coréens qui s'étaient rués dans les salles obscures pour découvrir le monstre (5ème plus gros succès du box office national à ce jour) soient près à réitérer le déplacement pour découvrir sa suite en préparation. « Aaahhh la vilaine grosse bête, tirons-nous d'ici ! » (bis repetita).

Résumé

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