Walkyrie : Critique

Renaud Moran | 26 janvier 2009
Renaud Moran | 26 janvier 2009

Tom Cruise vs les Nazis.

Les films qui dépeignent les Allemands, et notamment les militaires, entre 1939 et 1945 autrement que comme des monstres sanguinaires et abjects tous uniformément et catégoriquement unis sous la bannière du nazisme et de son chef barbare, sont suffisamment rares pour être immédiatement des œuvres dignes d'intérêt et de curiosité. Et le dernier film à avoir marqué les esprits dans ce sens ne date pas d'hier : il faut remonter à 1977 avec Croix de Fer (Iron Cross) de Sam Peckinpah. 

 

 

Cet acte de résistance, l'histoire d'une trahison héroïque, un coup d'état doublé d'un assassinat tous les deux manqués et fomentés dans les rangs même de l'armée, est donc passionnante, et fort bien repris dans ce Walkyrie. Cela même si l'on en connaît le dénouement à l'avance, force proprement unique du cinéma narratif que de nourrir le suspense malgré tout et qui donne ici une certaine noirceur et un fatalisme fort à propos. On se laisse ainsi emporter par le souffle dramatique et on croit à la possibilité de réussite (le scénario épousant habilement le point de vue du Colonel Claus von Stauffenberg, comme dans la scène suivant l'explosion de la bombe dans le bunker d'Hitler).

 

 

Mais ce qui captive vraiment au final et apparait rapidement comme la véritable question du film et son enjeu, c'est comment le plan de ces résistants a-t-il pu échouer ? Qu'est-ce qui les a perdu et pourquoi ? En cela réside le vrai suspense du film. Or cette partie-là, la plus intéressante après un premier tiers d'exposition relativement ennuyeux et mal amené qui relate les motivations et les rôles des différents personnages, est trop rapidement résolue lors d'un coup de théâtre un peu grossier (le fameux coup de téléphone d'Hitler).

 

 

Maladresse et bâclage qui malheureusement confèrent à Walkyrie une envergure de luxueux téléfilm de deuxième partie de soirée sur M6. Cela malgré des qualités évidentes : distribution et interprétation sans faille (en particulier de Tom Cruise), personnages solides (sauf la pauvre Mme Stauffenberg qui ne sert à rien) et tous traités sur un pied d'égalité sans manichéisme aucun, quel que soit leur camp. Et ce n'est malheureusement pas la mise en scène de Bryan Singer, pataude et dénuée d'inspiration, qui vient redonner au sujet la place qu'il aurait mérité.

Renaud Moran

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