Critique : Bons baisers de Bruges

Jean-Noël Nicolau | 2 juin 2008
Jean-Noël Nicolau | 2 juin 2008

Le concept est alléchant dans ses prémisses surréalistes : deux tueurs, on ne peut plus britanniques, Ray (Colin Farrell) et Ken (Brendan Gleeson), sont obligés d’attendre dans la ville de Bruges que leur patron irascible, Harry (Ralph Fiennes), daigne les rappeler. En jeune débutant, Ray a commis une erreur impardonnable lors de son premier contrat et le vieux sage Ken n’est pas sûr de pouvoir le protéger contre Harry, son camarade de longue date. Les enjeux dramatiques de Bons baisers de Bruges ne sont guère plus complexes, mais leur traitement s’avère remarquable.

Véritable comédie noire, le film passe du drame au burlesque au sein de la même scène avec un naturel qui doit beaucoup aux performances de ses interprètes. Le trio principal est en effet proche du génial ; même Colin Farrell dont il devient (après Le Rêve de Cassandre) de plus en plus difficile de douter des capacités à être un excellent acteur, à la fois drôle et tourmenté. On croit par ailleurs sans mal au statut de tueurs de Brendan Gleeson (très touchant) et de Ralph Fiennes (énorme).

Les dialogues naviguent entre cynisme désabusé, humour grinçant et menaces bien senties. Souvent très politiquement incorrectes, les répliques donnent du rythme à un film qui prend par ailleurs son temps. In Bruges n’évite pas ainsi les baisses de régime et se perd un peu en chemin, entre virtuosité et pure flânerie. On en vient à faire du tourisme, au même titre que les personnages du film. De même l’amourette entre Farrell et Clémence Poésy ne mène pas bien loin, à part pour une hilarante scène de restaurant.

Assez représentatif du charme et des faiblesses de l’œuvre, le long final souffle le chaud et le froid. Même si certaines idées ne sont pas forcément bienvenues, ou paraissent un peu forcées, on ressort du film avec le sentiment d’avoir assisté à un spectacle original. Il ne faut pas se laisser tromper par la manière dont Bons baisers de Bruges est présenté, ce n’est ni un polar, ni un film d’action, il s’agit d’une errance existentielle follement drôle, tout autant que terriblement sombre. Et son univers décalé peut vous poursuivre bien après la fin de la projection.

Résumé

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