Le Prix de la loyauté : Critique

Patrick Antona | 1 décembre 2008
Patrick Antona | 1 décembre 2008

Dans la vague des polars consacrés à la corruption policière et à ses répercutions dans la société américaine, Le Prix de la loyauté avait quelques arguments qui pouvaient laisser présager d’un bon résultat : des comédiens rompus aux rôles sur le fil du rasoir (Edward Norton, Colin Farrell), un auteur consacré depuis peu comme un des meilleurs du genre (Joe Carnahan), et un réalisateur qui avait assuré dans des genres aussi divers que le drame ou la saga sportive (Libres comme le vent, Miracle). 

Au bout du compte, on a droit à un film poussif, qui ne propose rien de neuf ou d’inventif, se limitant à ressasser les sempiternels ressorts dramatiques inhérents au sous-genre et usant de caractères stéréotypés, avec famille de policier dont certaines branches sont pourries et flic intègre en proie au doute et en quête de rédemption.

 

 

Si la mise en scène de Gavin O'Connor n’est pas franchement à blâmer, le réalisateur réussissant avec brio à tirer partie d’un tournage en décors naturels à New York avec un visuel assez sombre, la faute principale incombe à un scénario dont on anticipe les révélations bien avant les protagonistes. Au milieu de ce chaos narratif, les acteurs font se qu’ils peuvent, Jon Voight répétant à l’envie son (nouveau) rôle de patriarche attaché aux bonnes vieilles valeurs ; Colin Farrell étant efficace dans celui de la tête brûlée ne s’embarrassant pas de la loi ; alors que Edward Norton continue à s’empêtrer dans une forme de jeu assez tiède, quelques mois après la déception de L’Incroyable Hulk. Même la tentative de faire dans le drame conjugal avec le couple  Noah Emmerich/Jennifer Ehle confronté à la maladie tourne cours, le thème n’étant pas suffisamment exploité pour susciter quelque émotion durable.

 

 

Du coup, on s’ennuie ferme pendant près de 2 heures et on se prend à regretter très vite Serpico et Copland. Mais la véritable catastrophe ne survient que vers la fin, lorsque les auteurs, se rendant compte que leur récit s’étiolait et débouchait sur une impasse, décident de tout précipiter dans un climax violent et incongru, durant plus d’une quinzaine de minutes. Et avec un réalisateur n’ayant ni le talent de Martin Scorsese ou de Brian de Palma pour faire dans l’envolée lyrique, ce final illogique, où s'entrechoquent pugilat familial et émeute urbaine, finit par enfoncer complètement le film.

 

Résumé

Mélange raté de drame familial et de pamphlet dénonçant les pratiques d’une police en roue libre, Le Prix de la gloire échoue lamentablement là ou des réussites mineures comme Training Day ou Narc (réalisé par Joe Carnahan d’ailleurs) avaient au moins réussi leur coup, à savoir proposer un spectacle emballant et une narration sèche et passionnante.

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