Critique : Control
Bien plus qu'une simple biopic, avec Control, c'est la photographie d'une époque que nous offre Anton Corbijn. Car en quelques lieux emblématiques (scènes et coulisses, studio d'enregistrement, maison familiale, chambre d'ado) et une poignée de personnages (femme, maîtresse, membres du groupe), l'esprit qui se dégage du film pénètre le spectateur et lui fait traverser les murs des salles de concerts, comprendre et toucher du doigt une ambiance, un contexte historique, géographique et social.
Pas besoin de longs discours ou de voix off omniprésente, il
suffit de quelques plans et poses pour appréhender ce Ian Curtis incarné par
Sam Riley. Avec toute la puissance et la folie du débutant, ce dernier, dont
c'est la première vraie expérience au cinéma après quelques passages télé, offre
son corps à la souffrance du chanteur au point de laisser le spectateur pantois
et vidé.
Cinématographiquement, Control est un chef d'œuvre. Les
partis pris de mise en scène sont audacieux, géniaux et le noir et blanc
magnifique... en total écho à la musique de Joy Division. Le témoignage de
Deborah Curtis, la femme de Ian, à travers son livre Touching from a distance et le travail au scénario de Matt
Greenhalgh apportent un résultat équilibré et juste, sans pathos, du drame et
de la courte vie du chanteur et leader de Joy Division.
Si vous aimez la musique ou si vous aimez le cinéma (ou les
deux), Control est donc un film, un évènement à ne pas manquer. Et si
la magie opère, vous serez ravis d'apprendre que le scénariste prépare un film
sur la vie de John Lennon avant qu'il ne devienne un Beatles. Tout un programme.
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