Critique : SuperGrave

Jean-Noël Nicolau | 25 septembre 2007
Jean-Noël Nicolau | 25 septembre 2007

Avec SuperGrave, le trio Seth Rogen/Evan Goldberg et Judd Apatow poursuit son hommage triomphant aux geeks et autres losers impénitents. Proposant ici ce que l’on pourrait considérer comme la jeunesse des héros de En cloque et de 40 ans, toujours puceau, les auteurs reviennent à l’essence de la comédie de teenagers trash et surréaliste. Trois lycéens particulièrement gratinés vont dans la même soirée tenter de perdre leur virginité (et pour cela trouver de l’alcool en quantité), tout en affrontant la fin de leur adolescence et peut être de leur amitié. Eliminons d’entrée le sous-texte assez touchant de l’œuvre, qui culmine sur une déclaration d’amour entre potes aussi hilarante que bizarrement émouvante, SuperGrave n’est pas une comédie romantique et encore moins du John Hughes.

Au contraire, c’est du lourd, du gras, du bête et méchant. Un seul but : tirer son coup. Et personne n’en parle mieux que le génial Jonah Hill dans un numéro digne du Seth Rogen d’En cloque. Rogen, qui forme ici avec Bill Hader un duo de flics totalement déjantés et irresponsables, au centre de quelques unes des meilleures séquences. Le personnage de Michael Cera, archétype du nerd gentil jusqu’à l’absurde, plaira davantage à un public plus réservé (dont on se demandera ce qu’il vient faire devant ce film). Enfin, Christopher Mintz-Plasse en Fogell/McLovin, incroyable gueule de burlesque, vole la vedette par sa seule présence.

Folle machine à débiter de la vulgarité et des quiproquos consternants (donc très drôles), SuperBad s’inscrit finalement plus dans la tradition d’un Dumb & dumber que d’un American pie, tant son sens de la transgression est poussé jusqu’à la limite (il faut admirer le générique final et sa collection de bites dessinées pour comprendre). Les situations potentiellement cultes s’enchaînent, de même que les répliques à reprendre en chœur en riant comme des débiles (« On pourrait être cette erreur ! », « Attrape-le, McLovin !! », « Oh putain les flics ! », etc…).  C’est irrémédiablement con, mais c’est tout autant irrésistiblement bon. Et au fil d’une conclusion, peut-être un peu trop longue, on réalise que le tour de force de SuperGrave est d’avoir créé une galerie de personnages tous attachants. Un petit surcroît de bonheur au sein d’une œuvre aussi consternante que tordante.

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