Critique : Un conte de Noël
Après le succès critique et public de Rois et reine, Arnaud Desplechin fait son grand retour. Et avec une sélection cannoise s’il vous plait ! Un conte de Noël est l’occasion pour le réalisateur de retrouver ses acteurs fétiches : Mathieu Amalric, Emmanuelle Devos et Catherine Deneuve rempilent en effet une nouvelle fois devant sa caméra. Le cinéma de Desplechin se caractérise par une durée conséquente (toujours entre deux et trois heures) et tourne majoritairement autour de la vie et ses questions existentielles. Que les amateurs se rassurent : Emmanuel Bourdieu est encore au scénario et les bonnes répliques et autres interrogations alambiquées aussi. Néanmoins, force est de constater que ce Conte de Noël est de loin l’œuvre la plus accessible que le cinéaste nous ait proposé jusqu’à ce jour. Avant tout car elle est bâtie autour d’une intrigue universelle : une réunion familiale pour les fêtes de Noël, le cancer annoncé de la Maman de la famille.
Tous les invités ont préalablement effectué des prises de sang pour voir s’ils pouvaient venir en aide à leur mère, afin de procéder à une transplantation lui permettant de vivre quelques années supplémentaires. Sujet mélo, Kleenex à prévoir ? Non, pas du tout. Desplechin dépeint avec beaucoup de subtilité et non sans humour les rapports complexes de la famille Vuillard. Les 2h30 s’écoulent très rapidement et permettent au cinéaste de présenter de façon on ne peut plus consistante chacun des personnages , de creuser plus ou moins leur psychologie, évoquer leur vie, leurs questionnements. Et au final on s’attache à chacun d’eux (malgré leurs névroses) et on a rapidement l’impression de faire partie de leur petit clan. Littéraire et référencé sans jamais être trop élitiste, sensible et émouvant en omettant jamais l’ironie et un certain cynisme, Un conte de Noël n’a rien d’une histoire féerique et moraliste qui fera pleurer dans les chaumières. C’est une histoire d’amours, de passé douloureux, une variation sympathique sur les liens familiaux et notre rapport avec la mort. La vie, ses joies et ses travers, faite d’émotions et de questions : un concept tout simple mais qui bénéficie d’une virtuosité et d’une qualité d’interprétation des plus réjouissantes. Si tous les contes sonnaient aussi vrai...
Jonathan Fischer
Lecteurs
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