Critique : La Piscine

Nicolas Thys | 11 juin 2008
Nicolas Thys | 11 juin 2008

A revoir La Piscine de Jacques Deray, film maîtrisé d'un bout à l'autre mais de facture assez classique et qui repose pour beaucoup sur l'érotisme sous-jacent du couple central et les rapports qu'ils entretiennent, on se rend compte de ce que Swimming Pool de François Ozon lui doit.

 

D'un côté une villa dans le sud, un écrivain raté (Delon), une jeune britannique distante qui lit des polars (Birkin) accompagnée par son père français, une magnifique blonde et une sensualité à fleur de peau où les formes de chacun se dévoilent. De l'autre une même villa de même aspect, une écrivaine britannique auteur de romans policiers, une blonde explosive qui se laisse aller à ses fantasmes : la fille française d'un éditeur britannique absent. Dans les deux cas un meurtre ramené à une portion incongrue du film comme si l'essentiel était ailleurs dans les corps et leurs délices, dans les relations et leurs filiations.

 

Swimming Pool (« Piscine » pour ceux qui ne connaitraient pas l'anglais) pourrait aisément être à la fois un remake rêvé et une suite de La Piscine. Rampling rejouant une Birkin 35 ans plus tard, qui retournerait pour un été sur les lieux où son père est décédé, un meurtre qu'elle pourrait suspecter car effectivement quelque chose semble ne pas coller. Birkin, Rampling. Après tout, les deux actrices sont nées la même année, à quelques mois d'intervalle. Pourtant Ozon s'amuse, montre les écarts, insiste sur l'érotisme, fait voir le contre-point de ce que filmait alors Deray. Swimming Pool serait en quelque sorte le hors-champ fantasmé sous forme de faux polar de La Piscine, la dimension criminelle accentuée mais à peine plus importante.

 

Tout dans La Piscine est une question de flottements, d'ellipses, de puissance charnelle révélée par les acteurs lorsqu'ils s'effleurent, se touchent, se caressent, s'aiment et s'ignorent. Tout est déjà une question de fantasme spectatoriel, de songe, de rapprochements et de mises à distance des acteurs par une caméra volatile autour de ce miroir bleuté, jamais immobile, appât prêt à engloutir ceux qui se trouvent à ses côtés. Et Swimming Pool, œuvre bien plus importante qu'elle n'est encore considérée aujourd'hui, le rappelle, et le fait ressentir plus encore en faisant de ces rêves et de ces cauchemars le lieu même de l'action.

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