Soyez sympas, rembobinez ! : critique suédée
Sur le papier, le postulat de Soyez sympas, rembobinez ! est aussi engageant qu'inquiétant : suite à un accident l'ayant rendu magnétique, Jerry efface toutes les VHS du vidéo-club miteux dans lequel bosse Mike, son meilleur ami. Pris de court et faisant face à une clientèle de plus en plus mécontente, les deux gus ont une idée folle : « suéder » des classiques de location comme S.O.S. Fantômes, Rush Hour 2 ou Le Roi Lion, c'est-à-dire les retourner en quatrième vitesse, avec un caméscope pourri et les moyens du bord.
Le potentiel séducteur de Soyez sympas, rembobinez ! saute immédiatement aux yeux, il est cependant tempéré par LA question : un film peut-il tenir une heure et demie sur ce seul concept au risque de virer à la mécanique un peu vaine ? Michel Gondry évacue très vite ce problème et emmène Soyez sympas, rembobinez ! vers un terrain plus gratifiant et universel : celui de la déclaration d'amour pour le cinéma.
Voilà ce qu'il va se passer
Car on se rend très vite compte que la force ludique apportée par Michel Gondry est un outil idéal pour mettre en scène les tribulations de ces deux zozos. Gondry, c'est le cinéma Meccano ou Lego, celui de la complémentarité entre débrouille et créativité visuelle époustouflante, ce cinéma qui refuse de tourner le dos à l'émerveillement de notre enfance. C'est pourquoi les « Sweding » de blockbusters de Jerry et Mike sont très souvent tordants dans leur manière de transformer, par exemple, une pizza en flaque de sang, Gondry a toutefois l'intelligence de ne jamais minimiser leurs exploits, aussi amateurs soient-ils.
Mieux, c'est en faisant entrer toute la communauté désireuse de participer à ce sauvetage de catalogue que Soyez sympas, rembobinez ! prend une autre dimension : celle du cinéma démocratique et tisseur de lien social dans lequel le quotidien recèle de projets artistiques ne demandant qu'à être dégoupillés.
Oui, c'est Robocop
Envisagé sous l'angle de la génération YouTube, Soyez sympas, rembobinez ! serait le pendant joyeux et plus assumé de Cloverfield dans la mesure où il ne serait moins question de filmer l'Histoire à la première personne pour la diffuser au plus grand nombre que d'insérer notre moi dans les histoires que l'on aime. Gondry dissimule derrière la comédie un message critique sur la propriété de cette pop culture cinématographique. Le rapport affectif que l'on éprouve pour nos films préférés n'est pas unilatéral : ces films nous appartiennent de façon plus intense qu'un copyright et le « Sweding » de Soyez sympas, rembobinez ! est peut-être le moyen le plus littéral pour décrire ce lien.
Bien entendu, on pourra répondre que tout ceci est un brin utopique. Michel Gondry l'assume totalement en distillant une belle mélancolie dans la dernière partie lorsque Mike et Jerry projettent leur chef d'œuvre, un biopic basé sur un mensonge, dans leur aire de jeu condamnée à être rasée. Là, le cinéma chez soi d'aujourd'hui redevient l'expérience de partage d'hier, et les caterpillars sont momentanément neutralisés par les bravos de tout un quartier tandis que l'émotion nous submerge.
Lecteurs
(0.0)25/08/2018 à 13:37
Un film magique, ça suinte l'amour du cinéma, une ode a tous ces films qu'on aime tellement, a ceux qui appartiennent a leur public plus qu'a leurs realisateurs.
24/08/2018 à 21:03
Vu à l'époque, un petit film sympa a un petit coté film anglais.
24/08/2018 à 19:45
Ce film est tellement... comment dire... c'est juste... Arghhhhh!
Je cherche mes mots...
C'est... hum...oui, c'est ça.... c'est carrément pas du Disney.
Du tout!
Vous voyez ce que je veux dire?