Boarding Gate : Critique

Julien Foussereau | 22 août 2007
Julien Foussereau | 22 août 2007

Entendons-nous bien, ce ne sera pas avec ce dernier opus qu'Assayas élargira sa base d'aficionados. Boarding gate apparaîtra davantage comme la synthèse de Demonlover (aïe) et Clean (oui !), ses deux derniers films. Assayas reprend de Demonlover une trame bordélique au possible placée sous le signe de l'espionnage industriel et d'une déshumanisation allant de pair avec la mondialisation.

La première moitié relate donc les rapports tumultueux entre Sandra, volcanique italienne au passé trouble, et Miles, businessman qui a fait son temps. Vaguement inspiré par le meurtre mystérieux du banquier Edouard Stern apparemment, ce segment, intrigant dans ses prémisses, retombe hélas comme un soufflé. Assayas cherche à réactualiser les codes du film noir à l'heure de la désincarnation globale entre une confrontation verbale et une séance d'étranglement érotique à la ceinture griffée. Rien n'y fait car le magnétisme de Michael Madsen a beau être ce qu'il est, il ne résiste pas à la vulgarité de ce concentré SM pour les nuls en milieu tempéré...

 

 

Fort heureusement, Assayas corrige le tir en se rappelant le merveilleux portraitiste qu'il fut dans Clean. A l'aide d'une caméra à l'épaule extrêmement tonique, rivée sur le visage d'Asia Argento, Boarding gate ne fait pas que reprendre son souffle, il renaît dans Hong Kong la tentaculaire. Assayas redevient alors le cinéaste que l'on aime, celui qui capte l'énergie d'un monde toujours dans l'urgence, un des rares dans l'Hexagone qui sait rendre la modernité cinématographique terriblement séduisante. Et puis, il y a Asia Argento. L'auteur de ces lignes a toujours fait partie des détracteurs de la trash diva, quand il n'était pas agacé devant son attitude « underground / séductrice / provoc ». Dirigée par Assayas visiblement sous le charme, l'italienne se met à nu. Enfin plus que cela. Sans fard, ni tenue exubérante, elle n'a, pour ainsi dire, jamais été aussi belle et désirable qu'ici, à cent mille lieues de ses sempiternels full frontal sur son tatouage au bas-ventre.

 

 

Résumé

Au final, Boarding gate demeure aussi inachevé que captivant. Son réalisateur peut même se targuer d'avoir apprivoisé le corps animal d'Asia pour afficher au grand jour un constat : délestée de son armure de monstre de foire déviante, elle est une femme d'une sensualité simple et irradiante à la fois.

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