Critique : Sherrybaby

Comme chaque année, le festival de Deauville s'est évertué à inclure dans sa compétition des films indépendants calqués sur un certain formatage made in Sundance (tournages en DV, caméras à l'épaule, jeux sur les focales…). Tout aussi modeste que ses confrères en termes de moyens, Sherrybaby opte pour une approche résolument différente même si l'ombre d'un certain Amos Kollek (autre figure de proue du cinéma indépendant US) plane sur ce beau portrait de femme en quête de rédemption.

En soi, l'histoire de Sherrybaby n'est pas très originale, le combat d'une ex taularde pour obtenir la garde de sa fille ayant déjà été abordé à plusieurs reprises au cinéma. Toutefois, à défaut d'innover, ce premier (encore un !) long de Laurie Collyer se distingue par une sincérité constante véhiculée par le jeu tout en finesse de ses interprètes. À commencer par Maggie la-grande-sister-de-Jake Gyllenhaal, parfaite dans ce rôle difficile et tout en nuance de jeune fille paumée à la recherche de repères. Elle est accompagnée par cette bonne vieille tronche de Danny Trejo qui élargit grandement sa palette d'émotions (le monsieur sourit à plusieurs reprises, si si c'est possible !) trouvant là le meilleur rôle de sa carrière.

Ainsi, au fur et à mesure, Sherrybaby apparaît plus comme l'histoire d'une adulescente précipitée trop tôt dans la cour des grands que comme la chronique édifiante d'une femme prête à tout pour récupérer sa môme. Doucement, le film dessine son personnage principal au gré de ses rencontres et des épreuves qu'elle traverse, et si l'impression de se retrouver devant un pendant US de Clean se fait de plus en plus persistante, l'ensemble n'en demeure pas moins terriblement honnête et réalisé avec le cœur. Malgré un côté très convenu, Sherrybaby évite les travers du « film thérapie » et touche par sa simplicité.