Critique : Hollywoodland

Flore Geffroy | 12 septembre 2006
Flore Geffroy | 12 septembre 2006

George Reeves s'est éteint en juin 59, d'une balle dans la tête, après une soirée arrosée et à trois jours de son mariage avec une starlette. George Reeves ? Il fut le tout premier à endosser le costume, déjà moulant, de Superman dans une série télévisée qui connut un succès foudroyant, au début des années 50. Suicidé, vraiment ? Mais alors, pourquoi deux impacts de balle dans le plancher de sa chambre ? Pourquoi l'autopsie a-t-elle été bâclée ? Pourquoi les personnes présentes dans la maison ce soir-là ont-elles attendues 45 minutes après la détonation avant d'appeler la police ? À ce jour, les causes de la mort de George Reeves ne sont toujours pas élucidées.

C'est avec ce mystère qu'Allen Coulter s'est lancé dans son premier long-métrage. Allen Coulter est un quasi stakhanoviste de la série télé de qualité. Il a signé des épisodes des Sopranos, de Six Feet Under, de Sex and the City, de Millenium et même des X-Files. Autant dire : pas tout à fait un débutant. Il s'est entouré d'un casting « très beau linge », avec, pour n'en citer que quelques-uns, Bob Hoskins, Adrien Brody, Diane Lane, Ben Affleck…

Ce pourrait être grandeur et décadence d'un homme. Ou plutôt, de deux hommes. Le premier, privé à moitié raté, enquête sur la mort du second, comédien coincé dans un rôle trop petit pour lui. Le premier, c'est Adrien Brody. Père bancal, époux absent, enquêteur tenace, il expose ses doutes et gratte l'envers du décor avec un acharnement touchant. Ses « découvertes » sur George Reeves le renvoient peu à peu à ses propres manquements, ses propres erreurs. Le second, c'est Ben Affleck. Relativement sobre, le Beau endosse la peau de Reeves le sourire ravageur, la répartie très dandy, la prunelle mélancolique. Pour une fois, il n'en fait ni trop ni trop peu. Est-ce pour cela qu'il a reçu à Venise le Prix d'interprétation masculine à la dernière Mostra ? Adrien Brody l'aurait tout autant – sinon plus – mérité.

Pour le reste, l'histoire se construit à coups de flash-backs constants, alternant l'enquête inquiète de Louis Simo (Adrien Brody) et la vie de Reeves. L'image est soignée, presque appliquée. Le rythme est lent et il faut un certain temps avant de « rentrer » dans le film. Coulter se garde bien de privilégier la moindre thèse dans ce suicide qui reste bizarre, près de cinquante ans plus tard. Il se contente d'exposer des théories sur les circonstances de la mort de Reeves, sans trancher sur des suspects possibles qui avaient tous de bonnes raisons à la disparition du Superman déchu. Sa maîtresse, femme d'un tout-puissant à Hollywood ? Le tout-puissant d'Hollywood lui-même, dont les liens mafieux sont plus que suggérés ? Sa future ex-femme ? Ou était-ce bien une dépression ?

Au final, voilà un premier film plutôt décent et carré, sans surprise, qui déclenche un intérêt poli à défaut d'enthousiasme. Parfois, il faut se contenter de vernis à défaut de brillance…

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