Critique : Rio Bravo
Tout amateur de western et donc de cinéma (la phrase inversée est tout aussi
valable) a forcement les yeux qui s'écarquillent et le sourire aux lèvres
lorsqu'on prononce le nom de Rio Bravo. Car, on a beau s'évertuer à
citer les westerns marquants de l'histoire du cinéma (et il y a un bon paquet),
il y en a toujours un qui met tout le monde d'accord, c'est Rio Bravo.
Pour faire simple, Rio Bravo, c'est l'archétype du western dans tout ce
qu'il a de plus beau, de plus magique, de plus cinématographique. Le père
Hawks, grand pourvoyeur de chef d'œuvres devant l'éternel, a tourné ici ce que
l'on peut appeler le western des westerns.
Dans Rio Bravo, il y a tout ce qui fait l'essence du genre : shérif
droit et juste, méchants retords prêt à abattre lâchement le héros, longue rue
déserte et poussiéreuse, saloon où on se prélasse, gunfights éclairs, suspense
crescendo jusqu'à un final où tout le monde fait parler la poudre.
Mais Rio Bravo, c'est bien plus que cela. C'est aussi une histoire de
rédemption émouvante (Dude alcoolique qui surmontera son handicap grâce
notamment dans la foi que lui porte Chance), une romance pittoresque sublime
(Angie Dickinson dans un rôle féminin mémorable comme le western sait en offrir contrairement aux idées reçues),
un humour truculent (inénarrable Walter Brennan).
Jamais, on aura vu aussi
limpidement assené l'importance de l'amitié et du groupe. C'est parce que
Chance et ses acolytes forment une équipe soudée qu'ils réussiront à
l'emporter. Jamais le western n'aura paru aussi épuré : d'un côté une prison,
son shérif et ses adjoints et de l'autre des méchants prêts à tout pour
récupérer le frère de leur patron. Le film ne pouvant se terminer que par la
victoire d'un des deux camps. Et puis, si cela ne suffisait pas, Rio Bravo,
au milieu de cette tension qui grimpe, se permet une aparté musicale anthologique que la présence de deux chanteurs (Dean Martin et Ricky Nelson) rend incontournable.
Allant de scènes d'exception en moments inoubliables : l'entrée par devant du
saloon de Dude tentant de surmonter son alcoolisme, les joutes verbales entre
Chance et Feathers, éternels tourtereaux qui ont du mal à avouer leurs
sentiments, surtout la vieille bourrique de John Wayne, jamais aussi touchant
que lorsqu'il joue les durs au cœur tendre, le sauvetage éclair de Chance par
Colorado, le duel final à coups de dynamite, cadré de manière aussi
stupéfiante qu'évidente avec une musique lancinante magique de Dimitri Tiomkin,
Rio Bravo respire le Cinéma à chaque plan.
Pour faire plus simple et plus court, Rio Bravo, c'est LE Cinéma.
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(4.2)