Critique : Tant qu'il y aura des hommes

Marion Justinien | 21 octobre 2012
Marion Justinien | 21 octobre 2012
A sa sortie en 1953, le film reçut les foudres de l‘armée. Pour cause, « Tant qu’il y aura des hommes » fait la critique d’une armée corrompue, où les rapports injustes se meuvent entre des soldats usant de leurs privilèges pour persécuter les quelque courageux qui ne respectent par leur loi. La hierarchie ferme les yeux sur cette violence gratuite… Seule scène où l’armée reprend un peu d’aplomb : l’attaque japonaise sur la base de Pearl Harbour. Une séquence de quelques minutes seulement, sur les 113 que compte le film. L’oeuvre vaut avant tout pour ses interprètes. Montgomery Clift, incarne un soldat pacifiste et honnête, décidé à défendre ses valeurs jusqu’au bout. Refusant de succomber à des avantages que ses talents de boxeur pourraient lui octroyer, il défie l’institution. Face à lui, Burt Lancaster, aux antipodes, incarne l’officier viril et sûr de lui. En apparence seulement. Dévoué à son uniforme, il ferme les yeux sur les écarts de conduite de son unité et de son supérieur. Cette fidélité le conduira à renoncer à la seule porte de secours qui lui est proposée : l’amour. A ses côtés, Kerr interprète avec émition, une femme trompée, délaissée par son mari, et pourtant bien résolue à profiter de la vie à son tour, bien loin des rôles  sages d‘épouses de l‘époque. Les seconds rôles complètent cette distribution inoubliable. La carrière de Franck Sinatra connut une seconde jeunesse, auréolée d’un Oscar. L’homme quitte son costume de crooner impeccable, pour se glisser dans celui d’un soldat optimiste, fainéant et torturé par une brute épaisse. Donna Reed, interprète inoubliable de La Vie est belle, donne vie à une courageuse prostituée (« hostess » en VO, on reste dans l’Amérique des années 50…), décidée coûte que coûte à devenir « une femme comme il faut ». Ce qui au départ est un drame sentimentalisme, dont le paroxysme est atteint avec une séquence devenue d’anthologie : Kerr et Lancaster s’embrassent sur la plage, les vagues s’écrasant sur eux… n’est pourtant pas qu’une fable romantique, rythmée par deux histoires d’amour. Il faut attendre les dernières minutes pour que le long-métrage prenne toute sa dimension. Le système, injuste et immobile, enferme les hommes et transforme leurs ambitions en déceptions.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire