Critique : Le Livre de la jungle
D'où la nécessité de déployer plus que jamais ces trésors
d'inventivité qui ont fait la renommée de Disney dans le domaine de
l'animation. En ce sens, le serpent Kaa est
particulièrement évocateur lors de ses hilarantes contorsions
anthropomorphiques sur l'inoubliable chanson Aie confiancccccccce (crois
en moi !). Voir l'hypnotique
reptile en action, c'est un peu comme assister à l'affirmation d'une école
d'animateurs / acteurs qui se prolonge dans la 3-D avec Bob Razorski (Monstres
& cie)
Cela dit, Le Livre de la Jungle, bien qu'incontestablement frappé du sceau de l'excellence, marque aussi le déclin créatif
d'une maison qui aura tendance à se reposer sur ses lauriers jusqu'à la
résurrection Aladdin. Le choix de ce marqueur historique n'est d'ailleurs
pas anodin : entre ces deux films, aucun autre n'est réellement sorti du
lot et aucune chanson ne s'est frayée un chemin vers notre mémoire à long terme
(bon allez, Les Aristochats... qui musicalement reprend quand même
beaucoup du Livre...) Sur ce dernier point, Aladdin et Le
Livre... partagent ce désir d'entertainment
pur apporté par le music-hall. Le deuxième demeure le seul à maîtriser
complètement le message émotionnel de ses compositions, qu'il s'agisse de
l'atmosphère impénétrable et langoureuse de la jungle aux débordements scat de Baloo et King Louie
en passant par l'attendrissante Maison
sous le chaume chantée par la jeune fille.
Madeleine de Proust inépuisable, Le Livre de la Jungle se
suffit définitivement à lui-même pour nous rendre heureux.
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