Critique : Demande à la poussière

Marjolaine Gout | 29 août 2006
Marjolaine Gout | 29 août 2006

Après son exploitation en salle, Demande à la poussière finira certainement ses jours dans le cimetière des archives aux côtés des bobines oubliées. À la rigueur, il restera pour certains dans les annales avec la scène du bain de minuit de Colin Farrell et Salma Hayek... Demande à la poussière n'est pourtant pas si mauvais que ça. L'adaptation de son homonyme littéraire est réussie dans le sens que Robert Towne arrive à recréer la subjectivité du livre avec un prolongement plutôt astucieux du personnage d'Arturo Bandini, reflété par les protagonistes féminins. D'autre-part, Towne prend intelligemment distance avec l'œuvre pour mieux en tirer sa substance. Il s'octroie ainsi des libertés en se détachant par moment du livre. Le film devient à la fois une création unique et pourrait ainsi apparaître comme une adaptation originale à plus d'un titre du livre de John Fante.

Hélas, Demande à la poussière se bute dans des longueurs. Une lenteur s'instaure et le condamne rapidement à l'échec. Mais son véritable handicap reste le casting et le choix de Colin Farrell (qui a dit encore ?). Car celui-ci ne correspond en aucun cas à l'écrivain à ses débuts, tiraillé par des émotions contraires et une quête veine de soi. Arturo Bandini est à la fois un personnage sans expérience et dont le physique témoigne au contraire d'un vécu. Un visage marqué, une démarche courbée par le poids du monde, voilà le Bandini décrit par John Fante. Colin Farrell, avec son physique de jeune premier ne convainc pas et bien qu'essayant de nous livrer le meilleur de son jeu, il ne se fond à aucun moment dans le personnage. L'alchimie entre Colin Farrell et Salma Hayek ne s'installe jamais et leurs scènes communes sont vouées à l'ennui.

Le film se contente ainsi d'éluder une veine tentative de représenter le conflit d'un écrivain submergé et dirigé par les idéaux d'une époque et son conflit intérieur. Pour ceux qui passeront leur chemin mais restent néanmoins attirés par le sujet, on vous conseille de voir ou revoir un des chefs d'œuvre du film noir : The Lost week-end, ou le combat d'un écrivain face à ses démons alcoolisés.

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