Critique : Ghost

Ilan Ferry | 15 juillet 2007
Ilan Ferry | 15 juillet 2007

Quand il n'est pas occupé à poser la question fatidique Y a-t-il un pilote dans l'avion ? (en compagnie de son frère David et de ce sale gosse de Jim Abrahams), Jerry Zucker s'évertue à faire vibrer la fibre romantique du spectateur via une filmographie depuis longtemps éloignée des magnifiques sentiers dans lesquels il s'était d'abord perdu.

Première incursion dans ce sillon où on l'attendait le moins, Ghost tient le pari insensé d'exalter notre côté fleur bleue tout en nous initiant aux aléas de la vie de fantôme, un peu comme si Casper rencontrait Love Story. Un pitch prompt à faire hurler les cinéphiles cyniques que nous sommes devenus mais qui, à son époque, rencontra un énorme succès (12 Millions de $ lors de son premier week-end d'exploitation aux Etats-Unis pour mieux finir sa course à 217 millions !) et fît battre à l'unisson les cœurs enflammés par cette funèbre romance. Tout phénomène d'époque qu'il fût durant les glorieuses 90's, Ghost n'en est pas pour autant exempt de quelques regards introspectifs  indispensables à l'aube de son dix septième anniversaire.

 

 

Surprise, si l'on pouvait décemment craindre de voir poindre les germes du kitsch,  le film fait fi des méfaits du temps et conserve presque intact son aura d'agréable divertissement sachant appuyer là où il faut pour provoquer l'émotion. De fait, débarrassé de son statut quasi culte, le film met en lumière certaines thématiques intéressantes et traitées avec une pudeur qui aurait pu largement faire défaut du fait de son sujet.

Ainsi, le travail de deuil et l'exploration de l'univers fantomatique sont au centre de cette « histoire d'amour intemporelle » (sortez les violons !) et en demeurent les seules véritables pierres angulaires. Toutefois, il faut bien reconnaître que si l'on retrouve avec plaisir tous les ingrédients ayant fait le charme de Ghost, il est des éléments qui peinent à passer le cap du nouveau millénaire. Si l'on peut passer aisément sur la performance mi figue mi raisin d'une Whoopi Goldberg toujours aussi Eddy Murphyesque , le choix de Patrick Swayze en fantôme amoureux sonne autant comme une évidence aux yeux des producteurs de l'époque que comme une monumentale erreur pour le spectateur actuel.

 
Trop prématurément propulsé idole des jeunes filles élevées aux danses langoureuses de Dirty Dancing, Swayze fait preuve d'une expressivité que n'auraient pas renié certaines statues de cire. Face à lui l'inquiétant Tony Goldwyn (futur réalisateur de The Last Kiss) apparaît comme un Némésis des plus crédibles car faisant preuve de la même fadeur. Enfin, impossible de faire l'impasse sur la musique de Maurice Jarre réputée pour ses accords très romanesques mais sur lequel plane un souffle très spielbergien à rapprocher des partitions de John Williams sur E.T

Débarrassé de ses rares, bien qu'horripilants fautes de goût, Ghost reste en substance une belle histoire d'amour et une incursion dans le genre autrement plus probante que l'insipide Lancelot réalisé cinq ans plus tard par le même Zucker.

Résumé

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(3.5)

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