Critique : The Wild

Johan Beyney | 10 avril 2006
Johan Beyney | 10 avril 2006

Le monde de l'animation 3D serait-il sujet plus que d'autres à l'espionnage industriel ? On serait porté à le croire tant la courte histoire de ce nouveau – et lucratif – genre cinématographique regorge de fausses coïncidences et de malencontreux hasards. Dreamworks filme Fourmiz ? Pixar enchaîne sur 1001 pattes. Némo avait à peine commencé à frétiller de la nageoire qu'un Gang de requins s'était engouffré dans son sillage. Dans l'histoire de cette guerre froide que se livrent les grands studios d'animation, The Wild constitue pourtant une nouvelle étape. Ici, il ne s'agit plus en effet de s'affronter sur un même univers (celui des insectes ou des poissons) mais sur un même scénario (tout le monde aura effectivement noté une troublante ressemblance avec le synopsis de Madagascar).

La question qu'on se pose alors est : qui a piqué l'idée à l'autre ? Dreamworks aurait-il choisi délibérément un graphisme épuré pour avoir fini son film avant son concurrent ? Disney, trop occupé à mettre en place sa nouvelle politique d'animation 3D, a-t-il décidé de faire des économies sur son département Scénario ? On aurait tendance à privilégier cette hypothèse tant l'intrigue de The Wild bouffe à tous les râteliers.

Reprenons donc rapidement le synopsis en main. Dans le zoo de New-York (Madagascar), la population animale s'éclate dès la nuit tombée et les visiteurs partis (Madagascar, encore) sous la houlette du lion Samson, la star rugissante des lieux (oui oui, Madagascar). Mais lorsque son fils se voit propulsé hors du zoo, Samson va n'écouter que son amour et partir , malgré la peur, à la recherche de son fils dans un univers hostile (ah, tiens, Le monde de Némo cette fois). Il faut dire que père et fils sont un peu en froid, suite à des problèmes de communication (Chicken Little ?). Avec des acolytes peu adaptés à la vie en extérieur, il va alors affronter la jungle urbaine d'abord, l'africaine ensuite (bon d'accord, Magadascar, définitivement). Ajoutez à cela quelques emprunts ponctuels au Roi Lion (la chorégraphie des méchants gnous dans la caverne), et vous obtenez une histoire clés-en-main qui n'aura pas demandé beaucoup d'efforts d'imagination. C'est sans doute cela, la magie Disney…

Pour autant, le film est-il mauvais ? C'est en effet là que se situe le problème : en l'état, The Wild est finalement plus réussi que Madagascar. Graphiquement, les studios Disney ont ici donné vie à des personnages d'un réalisme époustouflant qui reconstitue avec minutie la physionomie et les pelages animaux. Ensuite, ils offrent un scénario un peu plus étoffé que celui de Madagascar grâce à des personnages mieux construits (le koala qui n'en peut plus qu'on le trouve mignon) et, surtout, grâce à une galerie de « seconds rôles » beaucoup plus fournie (la foule présente au tournoi de « curling-tortue », les alligators des égouts de New-York ou les oies canadiennes) qui renforce la cohérence du tout. Reste un écueil propre à Disney : une fâcheuse tendance à amener systématiquement ses récits à s'enliser sur la fin dans un océan de drame sentimental et de mièvrerie, rendant ainsi toute l'épopée africaine bien moins réjouissante que la partie new-yorkaise.

Au final, subsiste un film agréable et souvent drôle qui aura l'heur de plaire aux petits et –sans doute un peu moins – aux grands. Cependant, avec ce deuxième opus 3D depuis la fermeture définitive de leur département d'animation classique, Disney n'est toujours pas à la hauteur de son frère ennemi Pixar et multiplie trop les emprunts pour convaincre pleinement. Ne reste qu'à attendre le prochain examen en espérant cette fois que les studios se concentreront sur leur copie plutôt que sur celle de leurs voisins.

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