Les Berkman se séparent : Critique

Flore Geffroy | 23 avril 2006
Flore Geffroy | 23 avril 2006

Sorti sans trompette ni trompettes l'an dernier aux Etats-Unis, The Squid and the whale a accumulé les nominations et les récompenses : Oscar du meilleur scénario original, meilleur réalisateur au festival du film de Sundance, Golden Globes du meilleur film, du meilleur acteur et de la meilleure actrice, pour n'en citer que quelques-uns des plus prestigieux. Des récompenses largement méritées pour ce film au budget lilliputien Outre-atlantique - 1,5 million de dollars - qui se veut la chronique douce-amère d'un divorce somme toute assez classique : « Séparons-nous sans haine, épargnons nos enfants. » Sauf que, entre le désir de bien faire et la réalité d'une séparation, viennent se nicher quelques hoquets d'imprévus et des états d'âme qui explosent de non-dits.

 

 

C'est là toute la finesse du film, qui oscille sans cesse entre tendresse, comédie et lucidité. On ne peut lutter contre l'inéluctable, semble dire Noah Baumbach. Ce réalisateur d'une trentaine d'années, plus connu comme scénariste (Kicking and Screaming, La Vie aquatique), s'est largement inspiré du propre divorce de ses parents, dans le New York des années 80. On y est. On y croit. On y croit fort comme en regardant, vingt ans plus tard, un vieux film de famille couleur sépia orangé, sorti d'une malle de souvenirs oubliés. L'image vacille et tremble, accompagne chaque personnage, souligne ses forces et ses faiblesses, avec toujours une chaleur évidente. Ici un regard de désespérance rentrée de Bernard (Jeff Daniels, épatant), s'obstinant à retrouver un succès perdu voilà longtemps… là, Bernard encore, l'assurance tranquille et sûre avec son fils aîné… Frank et ses cuites à la bière, Frank et Walt, enchevêtrés dans leur loyauté… Joan, épouse infidèle et mère, aussi….

 

 

Sans détour, sans mièvrerie, la caméra filme tour à tour à hauteur d'adulte, d'adolescent ou d'enfant, servie par des comédiens d'une justesse formidable. Qui blâmer ? Qui a tort ? Qui a raison ? Noah Baumbach ne prend jamais parti. Ce faisant, il évite ainsi tout manichéisme classique de mise (on pense évidemment aux films du genre, comme Kramer contre Kramer ou encore Le Divorce de James Ivory). Il laisse la vie dérouler simplement ses accrocs, tout comme ses moments de pur délice quasi burlesque (Walt s'appropriant une chanson des Pink Floyd, Frank qui tartine de sperme les murs de son école). Finalement, The Squid and the whale a l'intelligence de ces films rares qui, parfois, deviennent subtilement cultes.

 

Résumé

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