Critique : Dragon rouge

Flavien Bellevue | 15 avril 2009
Flavien Bellevue | 15 avril 2009

Fort du succès d'Hannibal de Ridley Scott en 2001, soit dix ans après Le silence des agneaux de Jonathan Demme, le producteur italien Dino de Laurentiis croit avoir relancé la saga Hannibal Lecter et tente de revenir sur Dragon rouge, l'épisode précédent l'enquête de Clarice Starling. Oubliant qu'il l'avait déjà fait en 1986 avec Manhunter de Michael Mann avec l'acteur Brian Cox dans le rôle de Lecter, Laurentiis se met à la recherche du réalisateur qui pourra le « remettre » au goût du jour et pense dans un premier temps à Michael Bay dont le Pearl Harbor sort à peine la tête de l'eau. Son bon jugement finira sur le choix surprenant du réalisateur Brett Ratner qui jusqu'ici ne réalisait que des comédies et autres « Buddy movies » à succès.

 

Partant avec un réalisateur étranger au thriller psychologique sur un livre qu'il a déjà adapté et dont le film est devenu culte, Dino de Laurentiis joue la carte de la difficulté et se lance dans l'aventure sans filet. Mais si seulement Brett Ratner avait su saisir cela et en faire de même, quitte à se planter dans sa propre adaptation du mythe. Le réalisateur de Rush Hour a préféré jouer la carte « safe » en allant chercher le chef opérateur du film de Michael Mann, Dante Spinotti, et la décoratrice de l'œuvre de Jonathan Demme, Kristi Zea (avec qui il collabore déjà sur son film précédent Family Man). Pour couronner le tout et malgré lui, le scénario est signé par Ted Tally qui a déjà rédigé le script du Silence des agneaux et pour lequel il avait gagné la précieuse statuette dorée. Cette réunion artistique et technique se complète par l'acteur Anthony Hopkins qui revient en Hannibal Lecter tandis que les acteurs Frankie Faison et Anthony Heald sont à nouveau respectivement le gardien Barney et le docteur Chilton. Bref, une réunion des anciens trois étoiles pour réinventer... rien.

 

Lorgnant constamment sur le film de Jonathan Demme, Brett Ratner ne prend pas le risque d'offrir sa vision et livre un film lisse, sans âme et se repose sur son casting (Edward Norton, Ralph Fiennes, Emily Watson, Philip Seymour Hoffman, Harvey Keitel) qui ne donne évidemment pas son meilleur travail mais le minimum syndical. Si le film est plus fidèle au roman de Thomas Harris, Ratner rate la mise en parallèle de la psychose de Dolarhyde face à la dimension psychologique de l'enquête du profiler Will Graham. Un personnage si marquant dans la version de Mann qu'il en est imbuvable dans cette nouvelle mouture, la faute à une révision trop réaliste.

 

Dragon rouge ne restera pas dans les annales malgré son succès lors de sa sortie qui engendra en 2007, le dernier volet de la saga, Hannibal Lecter : Les Origines du mal. Si Manhunter subsistera comme de très loin la meilleure adaptation du roman de Thomas Harris, cette version offrira à son auteur une des parenthèses les plus sérieuses et plus maîtrisés de sa filmographie. Un paradoxe.

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