Critique : C'est pas tout à fait la vie dont j'avais rêvé

Magali Cirillo | 19 janvier 2006
Magali Cirillo | 19 janvier 2006

En tant qu'acteur, Michel Piccoli n'a plus rien à prouver. Enchaînant les tournages depuis plus de soixante ans, sa filmographie, du Mépris à La Petite Lili a de quoi faire rêver tous les aspirants acteurs, des élèves du cours Florent aux membres de l'atelier théâtre de la MJC de Septèmes-les-Vallons. Alors forcément, quand on n'a rien à prouver, on est prêt à prendre des risques. Et c'est en tant que réalisateur que Michel Piccoli va faire montre de la plus grande audace. Oui mais voilà, l'audace, ça passe ou ça casse. Et hélas, ici, c'est comme lorsqu'on porte une veste à carreaux avec un pantalon rayé, ça ne passe pas du tout…

Les amateurs de jeu de mots faciles (mais à Ecran large, il n'y en a aucun…) diront qu'effectivement C'est pas tout à fait la vie dont j'avais rêvé n'est pas tout à fait le film qu'on avait espéré. Puisant à la fois dans le théâtre de boulevard et dans une sorte de surréalisme désuet, Michel Piccoli nous propose une comédie pas drôle sur le thème de l'adultère. Les personnages, aussi peu attachants qu'une poêle Tefal toute neuve, représentent de parfaits clichés. Nous avons le mari, épouvantable avec sa femme, dégoulinant avec sa maîtresse, la femme, soumise et cruche, la maîtresse, exubérante et exaspérante, la gouvernante, sans cœur, et le petit-fils, tête à claques et inutile. Quasiment privés de dialogues, les acteurs en font des tonnes, grimaces simiesques, petits cris stridents, rires en écho, tous sur jouent de façon ridicule. Le scénario tient sur un emballage de carambar (tiens ce serait pas une blague par hasard ?), le film n'étant qu'une succession de saynètes qui s'enchaînent et se répètent, avec une symétrie parfaite mais bien ennuyeuse comme les deux parties de scrabbles quasi-muettes mais riches en symboles grossiers qui ponctuent le film.

Ajoutez à tout cela des décors sordides, une ambiance oppressante, des plans fixes à gogo et vous obtiendrez un film qui sent la naphtaline et qui réussit le tour de force d'être trop énervant pour être soporifique. On se demande encore quel message Michel Piccoli a bien voulu faire passer (Tromper sa femme c'est mal ? Rêver sa vie c'est pas bien ? Manger des omega 3 ?), à supposer qu'il y en ait eu un.

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