eXistenZ : critique

La Rédaction | 23 novembre 2005 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 23 novembre 2005 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Avec ce film, Cronenberg signait un retour très attendu à l'écriture puisque eXistenZ est le premier scénario original de l'auteur depuis Vidéodrome. Ce constat n'est pas anodin tant les deux opus présentent des similitudes : basculement dans un monde parallèle (virtuel dans eXistenZ, obsessionnel dans Vidéodrome) par le biais de nouvelles technologies toujours plus modernes, capacité du corps humain, pris dans son sens biologique, à embrasser cette frontière avec une acuité beaucoup plus aiguisée que l'esprit (l'arme sortant littéralement du ventre de James Woods dans Vidéodrome, la connexion quasi fœtale, voire sexuelle, pour entrer dans le ''jeu'' d'eXistenZ). Ainsi, le film continue de travailler sur une thématique que Cronenberg, tout au long de sa carrière, n'a cessé de développer : seul l'homme est responsable de ses déviances.

 

Photo Jennifer Jason Leigh, Jude Law


On y retrouve donc toutes les ambiances chères à l'auteur – manipulation organique, mutations du corps s'adaptant à un environnement, les dites transformations chirurgicales se posant en sources de plaisir ET de douleur – sur fond d'atmosphère viscérale. Mais l'auteur aux visions hallucinées et à l'imagination débridée nous offre ici une histoire trop linéaire construite sur le modèle des poupées russes. Le film en devient certes plus accessible mais moins conforme aux aspirations de l'auteur. La déception vient du fait que Cronenberg, signataire du brûlot que fut Vidéodrome, à la dénonciation si prémonitoire et virulente, se soit fourvoyé dans un exercice vaguement complaisant et surtout facile, alors qu'il nous avait habitués à plus d'audace dans sa mise en scène comme dans la mise en abyme de ses thèmes de prédilection. Facile, car le cinéaste se borne à confronter de nouveau ses obsessions quasi pathologiques, sorte de défilé extrême sans grande cohérence. Complaisant, puisqu'il semble admirablement se « lover » dans cette sorte de zapping mental, nous laissant le rôle factice du psychiatre un peu miteux.

 

Photo


Reste un film qui se voit comme « un trip » ponctué de séquences anthologiques (le pistolet organique découvert dans la « surprise du chef » d'un restaurant chinois) auquel il manque à la représentation des images données à voir un « mouvement perpétuel » (questionnement du réel ou place de l'imaginaire) qui faisait la grande force de l'halluciné Le Festin nu, et qui aurait parfaitement convenu à un film sur la réalité virtuelle. eXistenZ se pose comme une sorte de film somme en forme de deuxième conclusion (Vidéodrome fut la première) d'une filmographie « extraordinaire » qui annonce les nouvelles orientations de son œuvre.

 

Affiche officielle

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