Tuer n'est pas jouer : critique redémarrage à froid

Erwan Desbois | 10 juin 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Erwan Desbois | 10 juin 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Premier des deux seuls James Bond avec Timothy Dalton, après la grande (et inégale) période Roger Moore conclue dans Dangereusement vôtre en 1985, Tuer n'est pas jouer de John Glen est l'un des derniers dinosaures de l'ancienne période 007, avec l'ère moderne de Pierce Brosnan. Et c'est un solide épisode qui mérite l'attention.

PERMIS DE RECOMMENCER

Quand le James Bond nouveau arrive en 1987 dans Tuer n'est pas jouer sous les traits de Timothy Dalton, c'est pour nettoyer le monde des méchants en tous genres, mais surtout des dérives de la période Roger Moore des aventures de l'agent 007. Fini les potiches déshabillées et jetées comme des Kleenex, les méchants sortis de comics, et le caractère grotesque qui ont traversé le ciel de l'agent secret dans Vivre et laisser mourir, L'Homme au pistolet d'or, L'Espion qui m'aimait ou encore Moonraker. Le James Bond des années 80 lutte au sein d'une guerre froide ultra-réaliste, et tombe amoureux au point de mettre en danger sa mission.

Ce changement radical d'orientation fonctionne plutôt bien, grâce à la cohérence générale du film. Tout dans Tuer n'est pas jouer partage la même sobriété (voire austérité), qu'il s'agisse de l'arrière-plan géopolitique collant fidèlement à celui de l'époque, de l'intrigue très terre-à-terre (pas de milliardaire mégalomaniaque à l'horizon, mais une conspiration menée par des agents doubles), des décors ternes, froids, et on ne peut plus proches de la réalité de l'Europe de l'Est, ou de la personnalité de 007.

 

photoTimothy Dalton est 007 pour 002 films

 

DALTON DÉTONE

Après un Dangereusement vôtre qui a déçu les producteurs et repoussé pas mal de fans, tout le monde en coulisses était d'accord pour dire au revoir à Roger Moore, qui approchait de ses 60 ans. La quête du nouveau 007 sera bien sûr très compliquée, avec différents noms évoqués, notamment Sam Neill, Mel Gibson... et Pierce Brosnan, qui a finalement été contraint de refuser à cause de son contrat avec la série Les Enquêtes de Remington Steele. Le destin lui rendra 007 plus tard, avec GoldenEye.

Timothy Dalton sera finalement choisi, avec une approche très différente du rôle. Il veut revenir aux livres de Ian Fleming et prendre ses distances avec l'interprétation de Roger Moore. Pour lui, l'essence de ce personnage culte est d'abord sa tendance auto-destructrice, liée au spectre d'une mort qui pourrait lui tomber dessus à chaque instant. Sa consommation d'alcool et de femmes vient de là. Presque un anti-héros en quelque sorte, bien plus proche d'un Jason Bourne que de l'image populaire de James Bond.

 

photoMourir peut attendre lui rendra t-il hommage ?


La période Timothy Dalton est souvent oubliée, coincée entre la fin du règne Roger Moore et la renaissance spectaculaire avec Pierce Brosnan. Tuer n'est pas jouer a pourtant été un succès en salles (plus de 191 millions au box-office, plus que Dangereusement vôtre), tout comme Permis de tuer, deuxième et dernier James Bond de Timothy Dalton. Ce court passage dans la galaxie 007 a contribué à réduire sa valeur, alors que la réalité est plus une affaire de business : un troisième opus avec l'acteur était lancé, mais a été condamné par des problèmes avec le studio MGM-United Artists, lorsqu'il a été revendu. Tout ça a été réglé après des années, fin 1992, mais le contrat de l'acteur était terminé depuis 1990. Et il était alors passé à autre chose.

Dans tous les cas, Tuer n'est pas jouer mérite sa place parmi les bons Bond. Réalisé par John Glen (déjà derrière Rien que pour vos yeuxOctopussy, Dangereusement vôtre, et ensuite Permis de tuer), le film ne manque pas de qualités, avec une ambiance tendue et solide, une intrigue fournie en rebondissements et rondement menée pendant une heure et demie - même si la dernière demi-heure, qui voit James Bond aller combattre aux côtés des Moudjahidins, sombre dans un certain ridicule.

Les scènes d'action sont d'ailleurs à la hauteur des standards d'excellence mis en place par la série : la fuite de l'agent secret sur la neige et la glace, dans une Aston Martin gonflée à bloc en gadgets, est un morceau de bravoure à la fin duquel on a envie d'applaudir des deux mains. S'il n'est pas le meilleur de la série, Tuer n'est pas jouer est donc un épisode à (re)découvrir, au moins pour sa place spéciale dans la saga.

 

Affiche officielle

Résumé

Après la fin déviante du règne de Roger Moore, Tuer n'est pas jouer a été une renaissance soignée de James Bond, plus brut et dramatique. Un épisode solide, mené par Timothy Dalton, qui a préparé l'entrée de 007 dans l'ère moderne.

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Lecteurs

(4.2)

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commentaires
Rorov94
11/06/2020 à 19:51

Un des plus mauvais 007 avec OCTOPUSSY.
Heureusement,2 ans après arrive la bombe LICENCE TO KILL qui redéfinira à sa modeste échelle les blockbusters des 90'.
Avec, enfin,une James Bond girl qui n'est pas la pour faire de la figuration:Carey Lowell.

Sanchez
11/06/2020 à 00:36

Une des plus belles James Bond girl . L’ère Dalton possède 2 très bons films

Dirty Harry
10/06/2020 à 23:45

Mon Dalton préféré, et un excellent film d'espionnage qui tient la route en soi (sans trop appuyer sur les codes de la série).
Et Maryam d'Abo...quelle grâce, James Bond girl inoubliable.
Le suivant (et malheureusement dernier) aurait bien tenu comme 2e épisode d'une trilogie avec Dalton : il est louder, bigger, très badass, et un 2e épisode a besoin d'être percutant.

Saiyuk
10/06/2020 à 22:43

Préférence pour permis de tuer mais j'aime bcp celui-là aussi. Dalton était très bon.

Gregdevil
10/06/2020 à 22:31

Un bonBond. Le style de Dalton me plaît bc, j'ai préféré celui d'avant quand même.

Pat Rick
10/06/2020 à 21:47

Un très bon épisode de la saga, Dalton est un Bond un peu oublié mais il était bien dans ce rôle.

Kyle Reese
10/06/2020 à 21:05

J’avais bcq aimé a l’époque, un bond plus réaliste, plus dur que Moore (facile) et son successeur Pierce Brosnan qui était sympathique mais bien plus light. Dommage que Dalton n’ai pu continuer car l’ayant de nouveau bcq apprécié dans Penny Dreadfull je peux dire qu’il s’est même bonifier avec un charisme intact.
Un acteur sous-estimé et pas assez utilisé au ciné mais il me semble qu’il a une belle carrière théâtrale.

Ringo
10/06/2020 à 20:08

J'aime bien cet épisode, mais lui préfère largement Permis de Tuer. Dalton y abandonne son rôle d'agent pour se venger, et c'était jusque là une sacrée avancée ! Sans compter le casting de ce second opus "ère Dalton" et ses décors de rêve.

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