Critique : Intérieurs

Vanessa Aubert | 24 octobre 2005
Vanessa Aubert | 24 octobre 2005

Rares sont les films de Woody Allen dont on ne sort pas étonné d'avoir mis aussi souvent nos zygomatiques en action. Pourtant, le cinéaste n'a pas uniquement le talent de faire rire mais celui tout aussi difficile d'émouvoir. Intérieurs fait partie de cette exception. Maison sobre, austérité de rigueur pour les premières images d'un film où le décor a plus que jamais sa place. Eve, la mère de famille, étonne par sa réserve, sa tenue et sa perfection dérangeante. Ses trois filles cherchent chacune leur place face aux autres et face à elle alors que le père décide de prendre son envol en quittant le domicile conjugal. Et c'est ce bouleversement des repères qui modifie le profil familial et engage à la réflexion. Déjà la fratrie semble intéresser Allen. Celui qui filmera Hannah et ses sœurs place Diane Keaton (Renata) au sein d'un trio de sœurs pour mieux comprendre le rôle que chacun a à jouer dans sa propre vie. Joey la plus jeune aspire à la création mais refuse l'idée d'avoir un enfant, Flyn joue sur son physique mais refuse d'être considérée comme une fille facile, Renata admirée de tous est paralysée par son manque d'inspiration.

Trois femmes qui tente d'évoluer malgré la figure pesante de leur mère que leur père Arthur remplace rapidement par Pearl, femme extravertie respirant la joie de vivre loin de la contenance d'Eve. Allen joue sur les noms et fait de Eve, la mère originelle de cette famille, femme castratrice pour n'avoir laissé à Arthur que la place d'un objet parmi d'autres. Ironie du sort c'est d'une perle (Pearl) dont celui-ci tombe amoureux, symbole de rareté, de beauté et d'accessoire. Son arrivée est une bouffée d'oxygène à l'atmosphère pesante du film en accord avec l'intériorité des sentiments caractérisant cette famille. Le cinéaste plonge avec aisance dans les bouleversements intérieurs de ses personnages et pose une ambiance qui semble inspirée des films de Bergman qu'il admire tant. Une inspiration qui, à la sortie d'Intérieurs, dérouta le public habitué aux gags si caractéristiques du réalisateur mais qui pourtant lui permet de signer un film abouti et de réussir son changement de registre.

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