La Mort en ligne : Critique

Patrick Antona | 19 septembre 2005
Patrick Antona | 19 septembre 2005

Et encore un film de Takeshi Miike qui nous tombe dessus, alors que certains viennent juste se remettre de la vision de Gozu et autres Dead or alive, et que d'autres salivent d'avance en attendant Zebraman et Yôkai daisensô qui pointent à l'horizon. 

Mais le prolifique nippon a choisi pour ce nouveau film (sorti quand même il y a 2 ans au pays du Soleil Levant) de prendre son public à contrepied en signant une œuvre fantastique d'une facture plus classique que ces opus habituellement plus barrés. Et bien lui en a pris au Miike car, si à la base La Mort en ligne n'est que la nième variation du thème initié par Ring et ses avatars, elle n'en demeure pas moins un objet filmique extrêmement fréquentable et bien plus honnête que Le Cercle 2 ou le remake US de Dark water, pour ne signaler que les plus récents (attention l'avalanche ne fait que commencer…).

 

 

Dans La Mort en ligne, le gimmick de la malédiction colportée par la cassette vidéo est ici adaptée au monde de la téléphonie sans fil. Certes, le film coréen Phone (sorti chez HK Video) avait déjà ouvert la voie avec son traitement similaire mais Takeshi Miike se permet de faire passer toute une imagerie de l'épouvante nippone dans sa moulinette et ce qui en ressort est des plus comestibles. On y retrouve donc, en vrac, des spectres à cheveux longs et sales, des adolescentes à jupettes marquées par le sceau de la fatalité, des meurtres chocs et bien craspecs (heureusement on n'est pas à Hollywood), une ambiance urbaine des plus étouffantes sans que le syndrome de la copie mal faite ne grippe une machine bien huilée, tout en se permettant un bon coup de griffe contre les médias-spectacles.

 

 

Car Takeshi Miike réussit à insuffler, dans ce qui est une œuvre de commande à l'histoire bien balisée, un humour bienvenu qui, jamais, ne vient ampouler ni décribiliser un récit « sérieux », ce qui ne l'empêche pas de se risquer à faire des gags (la séquence du studio TV en est l'exemple le plus criant), le tout appuyé par une mise en scène efficace et une interprétation excellente. Le couple vedette du film interprété par Kou Shibasaki (la survivante de Battle royale) et Shinichi Tsutsumi (vu dans Postman blues) se révèle constament crédible et réussit à faire passer les quelques incohérences du scénario que l'on peut trouver ici et là. D'ailleurs Takeshi Miike a eu l'intelligence de mettre de côté sa propension à faire virer le jeu des acteurs dans l'hystérie jubilatoire, densifiant par ainsi son propos. Et par là-même, la succession des morts annoncées par portable ne devient jamais lassante ni ne vire à l'exercice de style gratuit et colle parfaitement au suspense dont nous connaissons depuis longtemps les tenants et les aboutissants. Cela n'empêche pas Takeshi Miike, au final, de nous concocter un dernier quart d'heure virant dans un grand guignol de bon aloi.

 

Résumé

Si La Mort en ligne n'entraînera sûrement pas de votre part l'abandon de votre mobile, il ne manquera pas de susciter chez vous l'envie de prendre un abonnement auprès du réseau Miike, pour d'autres « produits » d'une aussi bonne facture. Il est à noter que, suite au succès du premier film, un One missing call 2 réalisé par Renpei Tsukamoto a été distribué cette année au Japon.

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