Chicago : critique jazzy

Laurent Pécha | 1 novembre 2004 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Laurent Pécha | 1 novembre 2004 - MAJ : 09/03/2021 15:58

La comédie musicale de Rob Marshall avec Renée ZellwegerCatherine Zeta-Jones et Richard Gere, récompensée par six Oscars (dont meilleur film, et meilleure actrice dans un second rôle)

ALL THAT JAZZ

Il ne faut pas plus d'une minuscule poignée de minutes pour comprendre que la vision de Chicago va s'apparenter à un spectacle visuel et sonore ébouriffant de virtuosité. Rythmé par des accords jazzy entraînants et filmé par une caméra au ras du sol virevoltante, on entre de plein fouet dans les coulisses du cabaret à la poursuite des pieds et jambes d'une sulfureuse jeune femme. Cette course haletante prend fin quelques instants plus tard sur la scène et l'on découvre le visage de Catherine Zeta-Jones (Velma) qui entonne alors un fascinant All the Jazz avec une voix suave et langoureuse et une chorégraphie mélangeant savamment érotisme et sensualité.

Conquis par tant de virtuosité et de générosité, le spectateur pour peu qu'il ne soit pas allergique à l'univers des comédies musicales, en redemande instantanément, l'invitation au rêve et à l'euphorie des sens que propose ce trépignant prologue étant trop séduisant.

 

photo, Catherine Zeta-JonesVelma Zeta-Jones et un Oscar à la clé

 

Surtout qu'au-delà de la kyrielle de chansons et chorégraphies toutes aussi enlevées et esthétiquement travaillées, le réalisateur, Rob Marshall, réussissant pour l'occasion à marier parfaitement l'univers de la scène musicale façon Broadway aux impératifs visuels du cinéma (toutes les chansons mises en scène provenant directement des fantasmes de Roxie permettant alors les extravagances les plus folles), Chicago s'offre une vraie histoire. De celles qui permettent de dépasser le simple cadre de la comédie musicale ne tenant qu'à ses numéros. Le récit prend vite la forme d'une savoureuse satire des affres de la célébrité, du désir absolu d'être sous les feux des projecteurs, de la superficialité des médias et du système judiciaire (in)volontairement complices de cette course à la starification.

 

photo, Renée ZellwegerRoxie Zellweger

 

CELEBRITY

Tout n'est qu'illusion et seuls l'apparence, les faux semblants et les apparats forcément éphémères possèdent un réel pouvoir d'attraction. Avec un tel message à faire passer, on comprend aisément que le cadre de la comédie musicale, genre où l'esbroufe est poussé à son paroxysme, se prête on ne peut mieux au récit (le spectateur restant ainsi impliqué lors des passages musicaux, les paroles ayant leur importance dans l'évolution de l'histoire). Habile dans l'exécution de son histoire, pas manchot pour un sou techniquement et disposant d'un background artistique en béton armé (merci Bob Fosse), Rob Marshall n'avait finalement plus qu'un obstacle (de taille) à franchir pour que la réussite soit totale : le casting.

 

photo, Renée Zellweger, Richard GereL'associé des diablesses

 

Le choix de l'héroïne de Jerry Maguire et du Journal de Bridget Jones pour tenir le premier rôle d'une comédie musicale rétro avait de quoi laisser perplexe. La performance de Renée Zellweger n'en est que plus impressionnante. Assumant avec brio toute la fantaisie du personnage notamment dans un numéro de danse qui renvoie directement à celui qu'interprétait Marilyn dans Les hommes préfèrent les blondes, la comédienne démontre un talent aussi énorme qu'improbable.

Si elle est moins en vue en termes de numéros musicaux que sa comparse, Catherine Zeta-Jones parvient à éclipser tout son monde (son Oscar du meilleur second rôle féminin est amplement mérité) dès qu'elle se met à se mouvoir (une vraie panthère à la féminité et la sensualité exacerbée) et à chanter (une voix envoûtante qu'on aimerait retrouver au plus vite dans une autre comédie musicale ou mieux dans un disque).

Quant à Richard Gere, il est aussi étonnant et convaincant dans ses numéros de chant ou de danse (superbe solo de claquettes) qu'il pouvait être insipide ces dernières années. Impossible de ne pas ajouter aux éloges du trio vedette, celle de John C. Reilly (familier de l'univers de Paul Thomas Anderson) qui dans le rôle ingrat du mari de Roxie, est constamment parfait tout en réussissant le temps d'une inoubliable chanson, Mister Cellophane, à atteindre des sommets d'émotion.

 

Affiche

Résumé

Superbe revival des grandes heures de la comédie musicale, concentré de bonheur cinématographique susceptible d'égayer l'existence, Chicago mérite vraiment tous les égards, les films pouvant procurer une telle énergie positive et jubilatoire étant infiniment rares.

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commentaires
annatar
07/02/2015 à 18:48

Comédie musicale de haute tenue , chicago est assurément une bonne surprise qui , finalement, n'a pas volé ses multiples récompenses . La mise en scène de marshall aurait même pu (du ?) lui valoir un oscar en lieu et place d'un Polanski, avec son pianiste pourtant très bon malgré son académisme . Ceçi explique d'ailleurs peut être cela...

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