Critique : Orgueil & préjugés

Stéphane Argentin | 18 janvier 2007
Stéphane Argentin | 18 janvier 2007

Adapté de l'un des plus célèbres romans de la littérature britannique, Orgueil et préjugés ne manque assurément pas de qualités ; qualités qui, incidemment, privent cette transposition sur grand écran du souffle romantique qui permettrait aux spectateurs d'embarquer pleinement dans l'aventure.

En restant fidèle à l'esprit du matériau d'origine, le film évite tout d'abord l'écueil de la bluette à l'eau de rose, lui préférant ainsi le ton beaucoup plus espiègle et sincère du roman, loin des facilités d'un conte de fée. Pour véhiculer cette sincérité à l'écran, le film fait appel à un casting de tout premier choix et presque intégralement britannique à une ou deux exceptions près. Et si la plupart des comédiens n'est que peu ou pas encore très connu du grand public, leur interprétation n'en est pas moins là encore en parfaite adéquation avec l'ensemble, à commencer par Matthew Macfadyen qui confirme tout le bien que l'on pensait déjà de lui dans l'excellente série MI-5. Seule la ravissante Keira Knightley qui occupe le haut de l'affiche aux côtés de Macfadyen et poursuit ici une carrière aussi hétéroclite que déjà fort prometteuse, manque peut-être encore un peu d'assurance, à l'image du Domino de Tony Scott où Mickey Rourke lui volait pratiquement la vedette.

À ces performances d'acteurs s'ajoutent ensuite celles des techniciens. Décors, costumes, musiques, mise en scène, tout est à nouveau mis en œoeuvre pour restituer aussi fidèlement que possible la petite bourgeoisie rurale britannique de la fin du 18ième siècle sans dorures ni souillures accentuées. Pourtant, en dépit de toutes ces qualités intrinsèques, Orgueil et préjugés, le film, manque de ces petits élans dont il est pourtant capable à certaines reprises, à l'image de ce magnifique plan-séquence lors d'un bal où la caméra passe avec aisance de pièce en pièce et de personnage en personnage ou encore ce dialogue touchant et sincère sous la pluie entre Elizabeth (Keira Knightley) et Mr. Darcy (Matthew Macfadyen). Des séquences hélas trop peu nombreuses pour un long-métrage qui leur préfère un plus grand classicisme.

Par orgueil de fidélité au roman d'origine et/ou pour éviter les préjugés de la comédie romantique usuelle, le film de Joe Wright pêche finalement par un autre excès, celui de la trop grande sincérité et du manque de panache.

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