Critique : Go Go Tales

Nicolas Thys | 6 février 2012
Nicolas Thys | 6 février 2012
Go go tales est un projet de longue haleine pour Abel Ferrara. Le scénario a déjà 10 ans, le film a mis plus de 5 ans avant d'être enfin réalisé et encore 5 ans avant de sortir enfin sur nos écrans. Et pourtant, tout y est : un réalisateur en forme, un sujet hors norme, des idées formelles fortes et une pléiade de personnalités dans des rôles parfaits. Alors bien sûr, le film n'est pas aussi puissant et réussi que les 6 réalisés entre 1990 et 1996 avec des oeuvres aussi marquantes que Nos funérailles, The King of New York ou même Body snatchers, mais on s'y laisse prendre.

Et surtout ceux qui suivent le réalisateur depuis longtemps auront l'impression terrible de se retrouver avec une bande de potes dans un endroit qui respire le déjà-vu. Comme si le cinéaste avait eu besoin d'une sorte de retour aux sources, de revenir sur son travail depuis 1996. Et voir réunis dans un huis-clos paranoïaque autant que drôle, qui respire le sexe (qu'on voit sans toucher), le jeu (pas tout à fait illégal) et la mafia (jamais avouée) à plein nez, Asia Argento, Matthew Modine ou Willem Dafoe c'est se retrouver dans les coulisses de New rose hotel, The Blackout ou Mary. La « french touch », souvent présente, est ici mise en avant par Lou Doillon.

D'un point de vue formel, Ferrara est toujours présent avec une mise en scène qui n'ennuie jamais et un jeu de couleurs étrange et hypnotisant qui participe à une dilatation de l'espace et du temps au point qu'on a l'impression de vivre avec chaque personnage et d'habiter les lieux. En outre, l'humour est absurde et ravageur, désamorçant l'érotisme de la scène pour ne laisser apparaître que son aspect le plus trivial et quotidien dès qu'il est hors scène. Le cinéaste s'amuse et nous amuse. Le film revêt une dimension parfois quasi burlesque qui se retrouve tant sur le sourire si spécial de Dafoe que dans certaines séquences où le semblant de sérieux cède toujours sa place à l'inattendu. Voir par exemple le numéro de cirque pathétique de Matthew Modine, la courses aux billets et tant d'autres.

Finalement, difficile de ne pas avoir cette impression double, revoir ce qu'on connait déjà de Ferrara mais dans un hors scène, dans un environnement plus intime qui laisse affleurer une autre sensibilité. Loin de ses films précédents, celui ci résonne comme un exutoire. Il se lâche et nous avec.

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