Critique : 40 ans, toujours puceau

Vincent Julé | 6 septembre 2005
Vincent Julé | 6 septembre 2005

La redéfinition de la comédie américaine au cinéma par la télévision – et par la régression - continue, pour l'instant au plus grand plaisir du spectateur. Après la découverte et la consécration de Will Ferrell, il ne fait aucun doute que le même schéma s'appliquera à Steve Carell. Remarquée dans The Daily Show with Jon Stewart, sa tête de constipé lui valu quelques minutes irrésistibles dans Bruce tout-puissant, et rien de moins que le premier rôle de sa suite, Evan tout-puissant. À croire qu'il suit Will Ferrell comme son ombre, il a aussi enchaîné Présentateur vedette, Melinda & Melinda et Ma sorcière bien-aimée, avant de devenir puceau à 40 ans. Et ce dernier film est peut-être celui qui se rapproche le plus de l'esprit cathodique en général, et de la sitcom en particulier.

Avec deux heures au compteur, il donne parfois l'impression de s'enfiler six épisodes de 20 minutes à la suite, avec son lot d'éclats, de baisses de régimes, de morceaux d'anthologie, de tunnels… Le passé de l'auteur-réalisateur Judd Apatow en atteste d'ailleurs avec les séries Freaks and Geeks et Undeclared. Mais son talent d'écriture sur la longueur ne s'adapte pas totalement sur grand écran. Ainsi, il échoue à gérer sa galerie de personnages secondaires, mené pourtant par un Paul Rudd (Friends) qui devrait connaître le même destin que ses grands frères. Inégaux, oubliés une bonne partie du film, ils ne sont réintégrés que par parcimonie, et bien souvent avec maladresse.

Tout repose entièrement sur Steve Carell, qui s'en sort avec les honneurs. Pas seulement grâce à son infaillible jeu comique, mais aussi, et surtout, grâce à sa palette d'acteur. Il nous balade d'une séance d'épilation à un speed dating avec la même générosité, voire la même empathie. C'est aussi pour cette raison que l'on ne peut s'empêcher de penser aux sitcoms. Le spectateur entre dans sa vie pour quelques heures (années), et aimerait y rester plus longtemps. Sinon pourquoi le génial Seinfeld aurait capitalisé 9 saisons, et Friends 10 ?

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