Critique : Wolf Creek

Vincent Julé | 30 janvier 2007
Vincent Julé | 30 janvier 2007

Sans parler de révolution du genre, le survival a tout de même connu un certain rafraîchissement ces dernières années au travers d'ambassadrices de choc comme Elisha Dushku (Détour mortel), Jessica Biel (le remake de Massacre à la tronçonneuse) ou encore Cécile de France (Haute Tension). Ce girl power s'est accompagné d'un retour à une déviance assumée, voire exacerbée. C'est alors que Wolf Creek se pose là… ou le choc, et non le changement, dans la continuité. Ainsi, le spectateur retrouve ses habituels jeunes partis à une fête, qui se paument en rase campagne avant de faire plus ample connaissance avec les autochtones du coin. Expédiée, creuse, prétexte, l'exposition devient sous la caméra de l'Australien Greg McLean la clé de voûte d'une architecture de l'horreur. Un peu comme dans Hostel, sauf que la beauferie et l'opportunisme d'Eli Roth laissent place à un réalisme étonnant.

Suivre les mésaventures quotidiennes des trois randonneurs, d'une soirée bien arrosée à la visite du cratère de Wolf Creek, instaure une empathie et une complicité jusque-là inconnues. Cette virée entre potes renvoie au détour d'un dialogue ou d'un flirt à nos propres souvenirs, à notre propre histoire. Le tour de force du metteur en scène est de ne pas céder à la rupture pure et dure à mi-parcours, et de privilégier le parasitage permanent et graduel. Ainsi, à près d'une heure au compteur, le film n'a pas encore basculé dans l'horreur et le gore. Mais que se passe-t-il donc ? Même si l'issue fatale ne fait aucun doute, le spectateur perd peu à peu le contrôle d'un récit habituellement si balisé, et hésite constamment sur le sens d'une scène et donc de sa suivante. Ce sentiment est renforcé par un humour naturel, puis grinçant et enfin déstabilisant. L'interprétation de John Jarrat en ersatz de Crocodile Dundee est de ce point de vue HENAURME.

Le réveil de la partie survival de Wolf Creek est d'autant plus réussi et percutant qu'il épouse ce même ton réaliste. Simple, direct, anti-spectaculaire. Le malaise inhérent au film prend alors forme. Et quelles formes ! Si les plus pervers trouveront peut-être à redire sur le manque de radicalité graphique, l'absence de concessions et l'angle, presque documentaire, de cette chasse à l'homme finissent d'imposer Wolf Creek comme LE meilleur survival de ces dernières années. Le retour à la réalité, et dans ce cas à l'actualité, est des plus brutales.

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