Critique : Ma vie en l'air

Vanessa Aubert | 15 août 2006
Vanessa Aubert | 15 août 2006

S'il semble ardu de concilier talent de réalisation, scénario et direction d'acteurs pour un même film, réussir ce pari dès son premier long-métrage relève donc de l'exploit. Pourtant c'est avec brio que Rémi Bezançon y parvient dans Ma Vie en l'air. Titre qui pourrait être issu d'une question de Yann Kerbec à la Yoda : « Ma vie en l'air, vais-je ou non foutre ? ».

 

Il paraît en effet légitime que, Yann, le héros de Ma vie en l'air s'interroge ainsi tant il semble être doté de prime abord de tous les travers des trentenaires cinématographiques d'aujourd'hui. Instructeur pour une compagnie aérienne, il est victime d'une vilaine phobie de l'avion. Adulte, il fuit les responsabilités ; et s'il rêve de la princesse charmante, il panique une fois celle-ci trouvée. Des contradictions fondant le succès de Bridget Jones et qui engendra quelques héroïnes françaises telles Irène (dans le film éponyme) sous les traits de Cécile de France. Le pendant masculin séduisant, réaliste et plus finement caractérisé est donc Vincent Elbaz auquel Bezançon a eu la bonne idée de penser pour tenir le rôle principal. L'acteur se révèle authentique et puissant dans cette comédie fine et bien écrite. La gouaille, l'humour, le rire, les doutes, tout charme et touche en plein cœoeur dans le jeu de ce comédien pourtant trop rare et trop peu exploité.

 

Mais Bezançon est aussi inventif. Il fuit le nombrilisme souvent caractéristique de ce type de héros pour creuser d'autres personnages qui ne sont pas seconds tant les comédiens les animent intelligemment. Si Elsa Kikoïne (Charlotte) s'impose, Marion Cotillard (Alice) elle en impose en très crédible femme épanouie et accomplie. L'occasion pour elle de montrer que ses minimes apparitions dans Taxi sont bien loin et que la comédie peut compter sur sa présence indéniable à l'écran. Outre les femmes qui entourent Yann plus ou moins temporairement, l'une des bonnes trouvailles est sans nul doute le personnage de Ludo, l'ami d'enfance criant de vérité. Déjà vu dans Anthony Zimmer et co-réalisateur de Narco, Gilles Lellouche se révèle en pote flemmard dont la nonchalance et le bagout sont étonnants. La journée type d'un Ludo résumée en un hilarant plan séquence vaut à elle seule le détour et révèle une réalisation énergique. Créant des scènes qui restent en mémoire, Bezançon parvient également à intégrer les personnages à bon escient. Le regard mélancolique et bienveillant de Tom Novembre, le petit ami peu loquace d'Alice ou Clémence (Cécile Cassel) la bonne copine tendance de Charlotte, viennent ainsi alimenter une histoire déjà riche. Pour personnifier la phobie de Yann, le réalisateur exploite le potentiel comique de Didier Bezace, talentueux comédien qui change régulièrement de registre avec aisance. Castelot, personnage haut en couleurs dont on attend avec impatience chaque apparition, permet de justifier les scènes sur la vie professionnelle de Yann.

 

Pas de dispersion inutile chez Rémi Bezançon qui réussit à capter l'attention, à toucher simplement et à parler à chacun (les « Strange », détail pour vous mais qui veut dire beaucoup aux fans de comics). Un premier long-métrage inventif et une maîtrise de la comédie qui laisse augurer des réalisations construites et de qualité dont l'ingéniosité n'a rien à envier à un Klapisch.

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