Le Transporteur : critique

Stéphane Argentin | 21 juillet 2005
Stéphane Argentin | 21 juillet 2005

Depuis qu'il a abandonné la réalisation en 1998 après Jeanne d'Arc pour se consacrer exclusivement à la production, Luc Besson n'est plus vraiment vue d'un très bon oeil. Les critiques, bonnes ou mauvaises, ce nouveau nabab du cinéma français n'en a que faire. Il se contente d'appliquer une « recette » employée à toutes les sauces depuis déjà bien longtemps à Hollywood : des productions (pré)formatées dont il rédige lui-même les scénarii sur des timbres postes, dotées de moyens conséquents (même si l'on est bien loin des productions estampillées « made in USA »), le tout au service d'une mise en scène coup-de-poing, épaulée par une bande-son chic et choc, parsemée de nombreuses punchlines et emballée dans un temps calibré au plus juste (généralement 90 minutes). Le but clairement affiché : engranger un maximum de recettes, d'abord en salles, puis sur le marché vidéo afin de rentabiliser le film au mieux et, avec un peu de chance, d'assurer le financement du suivant et/ou des suites éventuelles, comme ce fut le cas de la série des Taxi ou, présentement, du Transporteur.

Un transporteur qui témoigne d'une autre opportunité qu'a parfaitement su exploiter Luc Besson : la mode du cinéma asiatique. Après avoir « importé » Jet Li dans Le baiser mortel du dragon, puis « exporté » Jean Reno au Japon dans Wasabi, le scénariste-réalisateur-producteur faisait appel à un réalisateur hongkongais au moins aussi connu (tout du moins pour les amateurs de cinéma HK) que les John Woo et autres Tsui Hark : Corey Yuen. Cinéaste et chorégraphe réputé depuis le début des années 80, Yuen apporte avec lui son « Asian Touch » qui permet au Transporteur, par ailleurs coréalisé par un solide ancien assistant metteur en scène, Louis Leterrier, de se distinguer du lot.

Déjà à l'oeuvre sur les combats du Baiser mortel du dragon, Corey Yuen nous offre à voir de nouvelles chorégraphies particulièrement inventives (la scène dans la graisse) qui lui ont permis d'asseoir sa réputation sur ses terres natales aux côtés des Yuen Woo-Ping, Jackie Chan et autres Sammo Hung, avec des oeuvres majeures telles que Yes Madam ! (le combat final avec Michelle Yeoh et Cynthia Rothrock restera à tout jamais une prodigieuse claque visuelle) ou encore, plus récemment, dans le méconnu mais tout aussi époustouflant So close avec en vedette une certaine Shu Qi. Bien loin du vulgaire sac à patates que l'on charrie dans le coffre de sa voiture, l'actrice taiwanaise nous permet d'admirer ses formes les plus généreuses (Shu Qi est d'ailleurs très connue pour ses photos de charme en Asie) et témoigne du flair de Besson pour attirer le public, majoritairement masculin, à venir découvrir ce transporteur, interprété par le très physique Jason Statham, acteur désormais solidement ancré dans le cinéma d'action musclé.

De l'action et de l'humour (que l'on doit en grande partie au « régional de l'étape », François Berléand), cette nième production Besson n'en manque pas. Spectacle décérébré et purement (uniquement) distrayant, la formule du Transporteur a d'ailleurs fait recette (44 millions à travers le monde) pour permettre de financer un Transporteur 2 désormais situé sur les terres des Bad boys de Michael Bay (Miami) avec un budget plus conséquent (32 millions contre 21 pour le premier film). Le lieu change mais le principe et la plupart des têtes restent (en l'occurrence, celles de Statham et Berléand). Alors, tant que la formule marche, Mr. Besson aurait vraiment tort de se priver.

 

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